Succession présidentielle au Cameroun : Défis et débats constitutionnels

Un contexte politique incertain
À l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025, le Cameroun se trouve à un carrefour politique délicat. Paul Biya, président depuis plus de 40 ans et âgé de 92 ans, suscite des interrogations sur sa capacité à diriger un pays véritablement jeune. Les critiques s’intensifient, y compris parmi ses anciens allies, comme Issa Tchiroma Bakary, qui a récemment démissionné en raison de l’absence de gouvernance réelle et du flou quant à une succession éventuelle. Ce vide politique pourrait en effet compromettre la stabilité du pays.
Les départs de figures emblématiques du régime, telles que Tchiroma et Bello Bouba Maïgari, illustrent un mécontentement croissant au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). L’économiste Dieudonné Essomba évoque un « danger système », mettant en lumière les défis institutionnels liés à l’âge du président et à son manque d’activité. Les militants du RDPC tentent de minimiser ces préoccupations, mais la réalité d’un pays en quête de renouveau est indéniable.
Les débats autour de la succession présidentielle sont compliqués par des questions constitutionnelles qui remettent en cause la légitimité des institutions électorales. Abdouraman Hamadou Babba, acteur politique engagé, a récemment critiqué le Conseil Constitutionnel pour son inaction face aux demandes de transparence électorale. Cette situation soulève des préoccupations sur une éventuelle instrumentalisation des organes électoraux, compromettant ainsi la régularité des élections à venir.

Les enjeux de la succession et les voix de l’opposition
La question de la succession présidentielle au Cameroun va bien au-delà de savoir qui prendra la relève de Paul Biya. Les discussions portent également sur la manière d’opérer cette transition. Jean-Pierre Bekolo affirme que le départ d’un président devrait être considéré comme une opportunité de renouvellement démocratique plutôt qu’une crise. Il remet en question toutefois les « hautes instructions » de Biya pour organiser des consultations en vue de sa réélection.
Les voix de l’opposition, comme celles de Bello Bouba Maïgari et d’autres figures politiques, appellent à une succession transparente et pacifique. Bouba Maïgari insiste sur la nécessité d’éviter tout recours à la violence, tout en soulignant l’importance de l’éducation citoyenne pour garantir la paix. Ces mises en garde sont d’autant plus nécessaires dans un climat où les tensions ethniques et régionales peuvent rapidement créer des conflits.
La question de l’éligibilité des candidats est également au cœur des débats. Le ministre de la Communication, René Sadi, a exprimé des doutes concernant la capacité du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) à présenter un candidat, soulevant ainsi des inquiétudes sur l’équité du processus électoral. Maurice Kamto, leader du MRC, reste déterminé à se porter candidate, mais le flou demeure quant à l’interprétation des textes par le Conseil Constitutionnel.

Vers une nouvelle ère politique ?
Alors que les élections de 2025 approchent, les défis de la succession présidentielle sont incontestables. Les acteurs politiques doivent naviguer à travers un paysage complexe, marqué par des tensions internes et des attentes de plus en plus vives de la population. Vincent Sosthène Fouda, socio-politologue, souligne que si Biya estime que les Camerounais sont mûrs, il doit leur fournir les moyens d’une élection libre et transparente. Cela implique des réformes institutionnelles et un engagement réel pour garantir la démocratie.
Les débats autour de la succession soulignent la nécessité d’une planification politique rigoureuse. Les critiques visant le système électoral actuel, qui ne permet pas une représentation équitable des partis, mettent en lumière l’urgence d’une réforme. Les Camerounais, souvent qualifiés de « mûrs de frustrations démocratiques », doivent pouvoir choisir leurs dirigeants dans un cadre institutionnel limpide.
L’interrogation demeure : le Cameroun parviendra-t-il à surmonter ces défis et à entrer dans une nouvelle ère politique ? Les acteurs de l’opposition et les citoyens doivent se rassembler pour faire entendre la voix du peuple et garantir que la transition respecte les principes démocratiques. La route vers une démocratie authentique est semée d’embûches, mais elle demeure essentielle pour l’avenir du Cameroun.


