Critiques du mouvement « 10 millions de Nordistes »

Accusations de manipulation et influence excessive
Le mouvement « 10 millions de Nordistes », dirigé par Guibai Gatama, est l’objet de nombreuses critiques, notamment de la part du Pr Falna Taubic. Ce dernier dépeint Gatama comme un « simple pion », suggérant que ses initiatives ne sont que des manœuvres éphémères motivées par des intérêts personnels. Taubic affirme que l’influence de Gatama sur les populations du Grand Nord est largement surévaluée, et que sa présence sur les réseaux sociaux ne correspond pas à la réalité du terrain. Ce point de vue soulève des interrogations sur la légitimité et l’efficacité du mouvement.
Les revendications du mouvement, bien qu’essentielles — à savoir la défense des droits des citoyens du Septentrion et une meilleure représentation au sein des institutions gouvernementales — échouent à altérer la perception du Grand Nord au Cameroun. Taubic fait également remarquer l’absence de projets structurants dans cette région, compromettant ainsi les ambitions à long terme du mouvement. Il existe donc une distance frappante entre les aspirations du mouvement et les réalités socio-économiques et politiques du Grand Nord.
Une question émerge : comment un mouvement peut-il authentiquement représenter sa région si ses figures de proue sont perçues comme déconnectées des préoccupations locales ? Les critiques de Taubic pourraient sérieusement ternir la crédibilité du mouvement et entraver la mobilisation des Nordistes vers ses objectifs.

Tensions internes et accusations de trahison
Kand Owalski, une voix dissentante au sein du mouvement, met lui aussi le doigt sur les tensions internes. Dans une lettre ouverte percutante, il accuse Guibai Gatama de trahison envers les aspirations des Nordistes, notamment en soutenant le RDPC de Paul Biya lors des élections présidentielles de 2018. Une telle accusation, explosive, remet en question la loyauté de Gatama envers les intérêts de sa région.
Owalski aborde également des allégations de falsification des résultats électoraux, renforçant un climat de méfiance et de division parmi les Nordistes. Il critique les « postures identitaires » de Gatama, les considérant comme des masques pour dissimuler ses ambitions personnelles. Son appel à une unité fondée sur des solutions concrètes, telles que le développement d’infrastructures, s’oppose aux divisions qui semblent exacerbées par ces tensions internes.
Ces dissensions pourraient avoir des conséquences désastreuses sur la capacité du mouvement à rassembler les Nordistes autour d’un objectif commun. Si les responsables du mouvement sont perçus comme divisés par des agendas personnels, cela pourrait décourager l’engagement et la mobilisation des communautés locales.

Conséquences sur la représentation du Grand Nord
Les critiques dirigées contre le mouvement « 10 millions de Nordistes » soulèvent des questions cruciales à propos de la représentation du Grand Nord au Cameroun. Le manque de projets structurants et la représentation insuffisante dans les nominations ministérielles et administratives, comme l’indique Taubic, représentent des obstacles majeurs à la progression de cette région. Malgré l’importance de ses revendications, le mouvement semble limité dans sa capacité à générer un changement profond.
Par ailleurs, les tensions internes et les accusations de trahison pourraient affaiblir la voix des Nordistes sur la scène politique nationale. Si les leaders ne réussissent pas à s’unir et à donner une image cohérente, il est à craindre que les intérêts du Grand Nord demeurent marginalisés. En outre, la perception d’un manque d’authenticité et de loyauté parmi ses dirigeants pourrait dissuader les communautés de s’engager activement dans ce mouvement.
En définitive, les critiques formulées à l’encontre du mouvement « 10 millions de Nordistes » mettent en lumière des défis cruciaux pour la représentation du Grand Nord au Cameroun. La capacité du mouvement à transcender ces critiques et à mobiliser les Nordistes autour d’une vision partagée sera déterminante pour l’avenir politique de cette région. Quelles stratégies concrètes peuvent être développées pour répondre aux besoins des populations du Grand Nord ? La réponse à cette question pourrait bien redessiner le paysage politique camerounais dans les années à venir.


