Ferdinand Ngoh Ngoh : L’Homme de l’Ombre du Régime Camerounais

Un Pouvoir Discret mais Omniprésent
Ferdinand Ngoh Ngoh, le Secrétaire Général de la Présidence de la République du Cameroun, est une figure controversée et intrigante dans le paysage politique camerounais. Connu sous les sobriquets « L’Homme à la punk » et « Vice-Dieu », il apparaît comme l’architecte habile des manœuvres politiques orchestrées par Paul Biya, président depuis plus de quarante ans. Son ascension, fruit d’alliances stratégiques et d’une loyauté sans faille envers Biya, lui confère un pouvoir immense mais enveloppé de mystère.
Ngoh Ngoh navigue avec astuce dans les arcanes du pouvoir, sa proximité avec le président lui permettant d’influencer des décisions cruciales tout en restant sous les radars. Cette dualité de visibilité et d’invisibilité soulève de nombreuses interrogations. Est-il simplement l’exécutant des désirs présidentiels, ou joue-t-il un rôle plus proéminent dans l’élaboration des politiques nationales ?
Les tensions récentes au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), aggravées par les démissions notables de figures comme Issa Tchiroma Bakary, mettent en relief l’importance pour Ngoh Ngoh de renforcer les rangs autour de Biya. Ses rencontres avec les élites, notamment dans l’Extrême-Nord, témoignent d’une volonté de préservation d’une cohésion fragile, tout en se préparant aux élections présidentielles de 2025.

La Réaction des Élites du Grand Nord
Le 27 juin 2025, un événement marquant s’est produit lorsque les élites du Grand Nord du Cameroun ont exprimé leur refus catégorique de voir Ngoh Ngoh accéder à des postes de leadership. Cette opposition, bien qu’inattendue, met en lumière une fracture sévère au sein du soutien traditionnel dont bénéficie le régime. Tout en partageant des opinions divergentes, les élites sont unies sur un point : désigner Ngoh Ngoh comme successeur pourrait signifier un « renversement du régime ».
Ce rejet peut être perçu comme un reflet d’un mécontentement grandissant envers la concentration des pouvoirs. Les détracteurs de Ngoh Ngoh le dépeignent comme une personne aux ambitions excessives, déterminée à renforcer son emprise. Les inquiétudes des élites du Grand Nord illustrent une dynamique politique riche en nuances, où la loyauté envers Biya est mise à l’épreuve par des rivalités internes et des aspirations régionales.
Les conséquences de cette opposition sont significatives. Si ces élites réussissent à s’unir contre Ngoh Ngoh, cela pourrait fragiliser le régime et ouvrir la porte à des bouleversements. Une question persiste : qui parmi ces élites pourrait émerger comme un leader alternatif, capable de rassembler l’opposition et de défier le statu quo ?

Un Avenir Incertain pour le Régime
À l’approche des élections présidentielles d’octobre 2025, le climat politique au Cameroun est marqué par une mobilisation intense, orchestrée par Ngoh Ngoh lui-même. Les concertations qu’il a initiées à Yaoundé visent à galvaniser les forces vives et à assurer une victoire électorale pour Biya. Cependant, cette stratégie soulève des interrogations sur la volonté réelle de ce dernier de gouverner. Certains analystes avancent l’idée qu’il aurait déjà transféré le pouvoir à Ngoh Ngoh, le désignant comme le « chef d’orchestre de l’État ».
Cette perception d’un transfert de pouvoir, bien que non officielle, alimente des spéculations sur l’avenir du régime. Si Ngoh Ngoh est véritablement l’homme de l’ombre, cela pourrait marquer une transition vers une gouvernance plus autoritaire, où toute dissentiment serait encore plus réprimé. Les tensions récentes au sein du RDPC et les hésitations des élites du Grand Nord pourraient exacerber cette situation, rendant le climat politique encore plus instable.
Les enjeux sont donc immenses. Le Cameroun se trouve à un carrefour où les décisions politiques des élites et la stratégie de Ngoh Ngoh pourraient déterminer non seulement l’avenir du régime, mais aussi la stabilité du pays. Les questions demeurent : le régime saura-t-il surmonter ces défis internes ? Ngoh Ngoh parviendra-t-il à conserver son influence face à une opposition de plus en plus pressante ?


