Clientélisme électoral au Cameroun : un système en déclin

Une dynamique politique biaisée
Le clientélisme électoral est au cœur des enjeux politiques contemporains du Cameroun. Ce phénomène, où des faveurs s’échangent contre des votes, a modifié en profondeur le paysage démocratique du pays. Dans un entretien avec Deutsche Welle, Henriette Ekwe affirme que ce système privilégie les élites au détriment des citoyens ordinaires, creusant ainsi le fossé entre riches et pauvres. Généralement issus de milieux favorisés, les candidats se retrouvent dépendants de l’État pour financer leurs campagnes, ce qui les rend ouvertement manipulables.
Cette dépendance renforce davantage l’emprise du président Paul Biya, qui, après 43 ans de règne, profite d’un système électoral biaisé. Les élections ne reflètent que rarement la volonté populaire et sont perçues comme de simples formalités orchestrées par des institutions, telle Elecam, souvent désignée comme le « comité de base du RDPC ». Cela questionne la légitimité des résultats électoraux et jette un doute sur l’avenir de la démocratie au Cameroun.
De nombreuses voix s’élèvent contre ce système. Les experts en sciences politiques et les observateurs internationaux soulignent la nécessité d’une réforme électorale en profondeur pour garantir une représentation authentique des citoyens. Dans un contexte où seuls les riches peuvent se présenter aux élections, les électeurs se trouvent piégés dans un cycle de dépendance et d’impuissance, ce qui renforce encore le clientélisme.

Les conséquences sociales et économiques
Le clientélisme électoral a des implications profondes sur le plan social et économique. En favorisant un petit groupe au détriment de la majorité, il aggrave les inégalités. Les citoyens pauvres, souvent exclus du système électoral par manque de moyens, restent prisonniers des promesses électorales rarement honorées.
Cette situation engendre un climat de méfiance vis-à-vis des institutions politiques. Les électeurs, déçus par des promesses non tenues, risquent de se désengager du processus électoral, pouvant conduire à une faible participation. Ce désengagement est dangereux pour la démocratie, instaurant un cycle de cynisme, où les citoyens perdent toute foi en la capacité de leurs dirigeants à répondre à leurs besoins réels.
Les impacts économiques du clientélisme sont également préoccupants. En soutenant des politiques favorisant un petit groupe, le développement économique du pays en pâtit. Les ressources sont mal réparties, et les investissements publics privilégient souvent des projets au service des élites plutôt que des intérêts de la population. Ce cadre risque d’entraver la croissance et d’accentuer la pauvreté, piégeant le pays dans un cercle vicieux.

Vers une réforme nécessaire ?
Face à ces défis pressants, la nécessité de réformer le système électoral au Cameroun est cruciale. Henriette Ekwe propose une transformation radicale du paysage politique, faisant remarquer que l’actuel système est censitaire et exclut délibérément une grande partie de la population. Pour enrichir la démocratie camerounaise, il est impératif d’instaurer des mécanismes assurant une représentation équitable.
Les experts préconisent plusieurs voies de réforme, comme l’instauration d’un financement public des campagnes électorales. Cela diminuerait la dépendance des candidats envers les puissants économiques. En outre, il est vital d’améliorer la transparence et l’intégrité des institutions électorales, rendant Elecam véritablement indépendant et impartiale.
La mise en œuvre de ces réformes demandera un engagement sincère des acteurs politiques, et la société civile devra aussi jouer un rôle actif. Les citoyens doivent être mobilisés pour réclamer des changements et s’investir pleinement dans le processus démocratique. Le chemin vers une démocratie véritablement représentative sera semé d’embûches, mais il reste essentiel pour l’avenir du Cameroun.
Le clientélisme électoral au Cameroun soulève des interrogations sur la nature même de la démocratie dans le pays. Comment les citoyens peuvent-ils revendiquer leur place dans un système qui semble les marginaliser ? Quelles actions concrètes peuvent être prises pour renverser cette dynamique et restaurer la confiance dans les institutions ? Ces questions méritent d’être approfondies pour envisager un avenir politique plus juste et équitable.


