Nommer Monique Ouli Ndongo : enjeux et implications

Un choix stratégique pour le pouvoir en place
La nomination de Monique Ouli Ndongo au Conseil constitutionnel, annoncée le 8 avril 2025, constitue un tournant majeur dans le paysage politique camerounais. Membre du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, son entrée dans cette institution clé soulève de sérieuses interrogations sur l’indépendance du Conseil. Son rôle en matière de validation des résultats électoraux en fait un acteur essentiel pour les prochaines élections présidentielles.
La décision de nommer Ouli Ndongo apparaît comme une manœuvre stratégique de Paul Biya, le président en exercice, visant à s’assurer d’un soutien institutionnel en vue de la présidentielle de 2026. Bien que sa candidature ne soit pas encore officialisée, avoir une proche du pouvoir au sein du Conseil pourrait garantir une continuité et protéger les intérêts du régime. Cette nomination pourrait également renforcer la légitimité du Conseil, en y intégrant une personnalité respectée du RDPC.
Cependant, cette situation soulève des questions sur l’impartialité du Conseil constitutionnel. Des critiques pointent la capacité d’Ouli Ndongo à juger objectivement les résultats d’une élection où son parti pourrait être en compétition. Les précédents au Cameroun, où des décisions controversées ont souvent favorisé le pouvoir, alimentent ces inquiétudes. La nomination d’Ouli Ndongo pourrait accentuer les tensions entre le pouvoir et l’opposition, déjà exacerbées par un climat politique tendu.

Les enjeux de l’indépendance judiciaire
L’indépendance judiciaire est un sujet crucial pour les observateurs de la scène politique camerounaise. La nomination de Monique Ouli Ndongo, ayant déjà occupé des postes politiques, soulève des interrogations quant à la séparation des pouvoirs. La perception d’un Conseil constitutionnel partisan pourrait saper la confiance des citoyens dans les institutions judiciaires.
Des experts en droit constitutionnel, comme le professeur Jean-Claude Nguembou, insistent sur le fait que l’indépendance du Conseil est vitale pour garantir des élections libres et transparentes. « La crédibilité des institutions judiciaires est un pilier de la démocratie. Si les citoyens perçoivent une influence, cela peut mener à une désaffection pour le processus électoral, » affirme-t-il. Cette position est partagée par de nombreux acteurs de la société civile, qui voient la nomination d’Ouli Ndongo comme un signe de la mainmise du pouvoir sur les institutions.
Les implications de cette nomination vont au-delà de la simple indépendance judiciaire. Elles impactent également la perception internationale du Cameroun. Les organisations de défense des droits humains et les observateurs étrangers suivent de près l’évolution politique du pays. Une nomination jugée partisane pourrait ternir l’image du Cameroun à l’international, nuisant ainsi aux relations diplomatiques et aux partenariats économiques.

Vers une élection contestée ?
À l’approche de la présidentielle de 2026, la nomination de Monique Ouli Ndongo pourrait également influencer la dynamique électorale. Les partis d’opposition, déjà confrontés à des difficultés organisationnelles, pourraient utiliser cette nomination pour mobiliser leurs troupes. La perception d’un Conseil constitutionnel biaisé pourrait amener les électeurs à remettre en question la légitimité des résultats, entraînant potentiellement des contestations après les élections.
Des leaders de l’opposition, comme Maurice Kamto, ont déjà exprimé leurs préoccupations au sujet de l’impartialité du Conseil : « Nous ne pouvons pas faire confiance à une institution alignée sur le pouvoir. Une véritable démocratie exige un Conseil indépendant. » Ces propos illustrent le climat de méfiance qui s’installe et qui pourrait conduire à une mobilisation accrue en faveur du changement.
En somme, la nomination de Monique Ouli Ndongo au Conseil constitutionnel n’est pas qu’une simple formalité. Elle incarne des enjeux politiques profonds, susceptibles de redéfinir le paysage électoral camerounais. Alors que le pays se prépare pour des élections cruciales, la question demeure : le Conseil constitutionnel saura-t-il assumer son rôle d’arbitre impartial ou sera-t-il perçu comme un instrument aux mains du pouvoir en place ?


