Conséquences des Déguerpissements à Owendo

Une crise sociale en gestation
Le 24 juin 2025, l’opération de déguerpissement à Owendo, touchant des quartiers comme Carrefour-SNI, Virié 2 et Barracuda, a plongé des milliers de familles dans l’incertitude. L’approche des autorités, qui ont donné un ultimatum de 72 heures pour évacuer les lieux, repose sur un programme de salubrité publique et d’aménagement du Grand Libreville. Cependant, la menace de démolition a suscité une forte résistance. Les habitants ont commencé à repeindre leurs maisons, une mesure symbolique qui illustre une défiance croissante envers le gouvernement.
Les conséquences de cette opération sont alarmantes. Des riverains comme William, témoignent de leur indignation face à l’absence de notification officielle et d’un recensement. Des familles se retrouvent dans une précarité extrême, sans abri ni ressources, alimentant un sentiment d’abandon. À Charbonnages, des commerces ferment, laissant des centaines de personnes sans moyens de subsistance. Les souvenirs de démolitions passées, comme celles de Plaine-Orety, pèsent lourdement sur les esprits, rappelant que la survie est en jeu. Ce contexte exacerbe un climat de tension, mêlant angoisse et colère.
Les autorités avancent des raisons de sécurité urbaine et d’utilité publique pour justifier cette opération. Cependant, l’absence d’un plan d’accompagnement pour les plus vulnérables remet en question la légitimité de telles mesures. Les habitants réclament un développement qui respecte leur bien-être, révélant ainsi un fossé préoccupant entre les décisions gouvernementales et les réalités vécues par les citoyens.

Réactions des habitants et défiance envers l’État
En réponse à l’ultimatum des autorités, les habitants d’Owendo affichent une détermination palpable. En repeignant leurs maisons, ils revendiquent non seulement leur dignité, mais aussi leur identité. Ce geste est perçu par certains comme une incivilité, mais il s’agit avant tout d’une forme de résistance face à une décision jugée injuste et brutale.
La critique du gouvernement s’intensifie, illustrée par les propos d’Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre, qui décrit cette opération comme un « sadisme d’État ». Il met en exergue l’absence de solutions de relogement, dénonçant l’inhumanité de cette politique qui laisse des milliers de personnes à la rue sans compensation. Bilie-By-Nze plaide pour une révision urgente des modalités de ces opérations, soulignant l’absence de compassion dans une approche censée favoriser l’amélioration urbaine.
Cette défiance se nourrit également d’un sentiment croissant d’injustice. Les menaces de sanctions pénales à l’encontre des dissidents, sous prétexte de cybersécurité, ne font qu’aggraver la tension. Les cris de colère des habitants révèlent un divorce grandissant entre l’État et des populations considérées comme précaires, qui se sentent de plus en plus marginalisées.

Implications politiques et sociales à long terme
Les retombées politiques de l’opération de déguerpissement à Owendo promettent d’être significatives. La gestion de cette crise par le gouvernement pourrait éroder sa légitimité. Les tensions sociales, amplifiées par l’absence de dialogue, risquent de nourrir des mouvements de contestation plus larges. L’engagement des habitants contre les décisions gouvernementales pourrait servir de catalyseur pour d’autres communautés similaires.
De plus, le manque de plan de relogement et d’indemnisation soulève des interrogations sur la transparence des actions gouvernementales. Les critiques telles que celles de Bilie-By-Nze soulignent l’urgence d’un débat public sur les limites morales des politiques d’aménagement urbain. Les spéculations foncières, résultant de la valorisation des terrains libérés, complexifient encore davantage cette situation déjà tendue.
En somme, l’opération de déguerpissement à Owendo dépasse les simples enjeux d’urbanisme. Elle soulève des questions sociales et politiques cruciales, révélant les fractures au sein de la société gabonaise. Alors que les habitants continuent de résister, la question se pose : comment le gouvernement pourrait-il rétablir la confiance avec ses citoyens tout en poursuivant ses objectifs de développement ?


