Marginalisation du Centre au Cameroun : Une réalité troublante

Un héritage historique de négligence
La région du Centre au Cameroun, souvent considérée comme le cœur symbolique du pays, souffre d’une marginalisation politique et économique persistante. Depuis l’indépendance, cette région a été perçue comme « martyrisée » par des observateurs tels qu’Etoundi Beti Be Nnanga. Bien que siège des institutions républicaines, les populations autochtones, notamment les Ewondo, Bafia, Mvele et Benë, n’ont jamais réellement profité de cette proximité avec le pouvoir. Elles ont été utilisées comme de simples figurants dans un décor administratif, sans véritable reconnaissance ni développement.
Les racines de cette situation plongent dans une histoire politique complexe où les régimes successifs ont souvent négligé les besoins des habitants du Centre. Les promesses de développement, fréquemment trahies, ont engendré frustration et épuisement. Des figures politiques locales, comme le Professeur Vincent-Sosthène Fouda, ont tenté de dénoncer ces dérives, mais leur voix a souvent été étouffée. Cette marginalisation s’accompagne d’une répression qui a instillé un climat de désespoir parmi les habitants.
Par ailleurs, la centralisation du pouvoir à Yaoundé n’a fait que renforcer cette marginalisation. Les décisions politiques et économiques sont souvent prises sans consulter les acteurs locaux, ce qui accentue l’aliénation. Les espoirs suscités par des leaders comme Paul Biya, originaire du Sud, se sont vite évaporés; les promotions de cadres du Centre sont devenues des mesures symboliques, sans véritable pouvoir décisionnel. La région est ainsi devenue le symbole d’une injustice territoriale tenace.

Le discours d’unité nationale : un outil de neutralisation
Un aspect fondamental de cette marginalisation est l’usage du discours d’unité nationale. Souvent brandi par les autorités, ce discours a servi à étouffer les revendications identitaires et les aspirations des populations du Centre. La rhétorique de l’unité a été employée pour réduire les voix dissidentes à des murmures inaudibles.
Cette situation a des conséquences lourdes. Bien que la région semble silencieuse, cela ne signifie pas un manque de conscience; au contraire, c’est le résultat d’un épuisement face à des promesses non tenues. Autrefois gardiennes de la culture camerounaise, les populations du Centre se retrouvent tiraillées entre leur riche héritage et une réalité politique qui les ignore.
Les experts constatent que ce discours d’unité, loin de renforcer la cohésion, a intensifié les tensions. Les habitants se sentent de plus en plus dépossédés de leur identité et de leur place dans la nation. Cette réalité soulève des questions essentielles : comment le Cameroun peut-il avancer vers une véritable unité, fondée non sur l’effacement des identités, mais sur la reconnaissance de sa diversité ?

Vers un sursaut citoyen : l’espoir d’un changement
Malgré cette sombre réalité, des raisons d’espérer un renouveau pour la région du Centre émergent. L’appel à un sursaut citoyen, comme l’affirme Etoundi Beti Be Nnanga, est crucial pour que cette région redevienne une voix influente au sein du pays. Les citoyens doivent s’unir pour revendiquer leurs droits et leur place dans le processus politique. Cela nécessite une prise de conscience collective et une volonté de dialoguer constructivement avec les autorités.
Des initiatives locales commencent à voir le jour, visant à renforcer la participation citoyenne et à encourager le développement économique. Des organisations de la société civile œuvrent à sensibiliser les habitants à leurs droits, les incitant à s’impliquer dans la vie politique. Bien que souvent freinés par des obstacles institutionnels, ces efforts montrent qu’un avenir meilleur est à portée de main.
En résumé, la marginalisation du Centre au Cameroun résulte d’un ensemble de facteurs historiques, politiques et sociaux. Toutefois, la résilience des populations et leur désir de changement pourraient ouvrir la voie à une nouvelle ère de reconnaissance et de développement. Quelles seront les prochaines étapes pour permettre à cette région de retrouver sa voix et son pouvoir au sein de la nation ? Les réponses à cette question détermineront le futur du Cameroun dans son ensemble.


