Les habitants du Grand Libreville perdent patience
Le 16 juin dernier, les autorités gabonaises inauguraient en grande pompe la station de pompage d’eau du PK 5 et le réservoir de 10 000 m³ de la Cité-de-la-Caisse. Une cérémonie teintée d’espoir, où ministres et techniciens multipliaient les assurances : l’eau allait enfin couler à flot dans plusieurs quartiers de Libreville, d’Owendo, d’Akanda et de Ntoum. Mais quatre jours plus tard, l’enthousiasme initial s’est évaporé… comme les promesses.
Dans les ruelles d’Alibandeng, de Chez-les Sœurs ou de Bel-Air, le quotidien n’a pas changé. La galère pour obtenir quelques litres d’eau continue. Les habitants, entre soupirs et seaux vides, dressent un constat amer : les infrastructures sont peut-être inaugurées, mais l’eau, elle, reste désespérément absente.
Des installations flambant neuves, pour quelle efficacité réelle ?

Ce projet devait impacter près de 350 000 personnes. Le ministre de l’Accès universel à l’eau et à l’énergie, Philippe Tonangoye, avait promis une amélioration « progressive » de la desserte, citant des quartiers comme Nzeng-Ayong, Fromager, Bel-Air ou encore Okala. Mais sur le terrain, les témoignages se suivent et se ressemblent.
« L’eau vient parfois, mais la pression est trop faible pour quoi que ce soit. C’est comme avant, voire pire », confie Jeanne, résidente de Chez-les Sœurs, visiblement épuisée. À Okala, Patrick, habitant de longue date, montre ses bidons vides. « Tout est sec. On fait encore la queue à la pompe publique comme dans les années 90. »
L’incompréhension grandit, la confiance s’érode

La situation est d’autant plus mal vécue que cette nouvelle phase du projet avait été présentée comme celle du soulagement. Mais au fil des jours, c’est plutôt l’impression d’un trompe-l’œil technique qui s’installe. Des infrastructures certes livrées, mais encore inefficaces. Que manque-t-il ? L’interconnexion aux réseaux existants ? Des tests finaux ? Une véritable planification opérationnelle ?
Le silence des autorités depuis l’inauguration ne fait qu’ajouter à la frustration générale. Les promesses semblent avoir été faites à la légère, sans anticipation des réalités de terrain. Pour de nombreux habitants, ce n’est plus une question de patience, mais une interrogation sur la capacité même de l’État à fournir un bien aussi fondamental que l’eau.
Quand la promesse devient fardeau

Dans une capitale comme Libreville, en pleine mutation urbaine et démographique, continuer à vivre au rythme des pénuries d’eau sonne comme un aveu d’échec. L’eau, censée être source de vie, devient au contraire source d’angoisse, de fatigue, et de colère.
Alors que l’État multiplie les chantiers visibles et les inaugurations spectaculaires, les populations, elles, attendent toujours les résultats concrets. L’heure est venue pour les responsables de passer des discours à l’action. Car une inauguration ne vaut que si elle transforme le quotidien. Or, pour l’instant, c’est encore le désert au bout du robinet.
Et si cette fois, on exigeait des résultats plutôt que des cérémonies ?


