Il y a quelques semaines à peine, Constant Mutamba se présentait comme l’un des visages les plus audacieux du renouveau politique en République démocratique du Congo. Figure montante du gouvernement de Félix Tshisekedi, promu ministre d’État à la Justice, il avait milité avec vigueur pour la levée de l’immunité parlementaire de Joseph Kabila Kabange, ancien président de la République, au nom de la lutte contre l’impunité.

Aujourd’hui, c’est lui qui quitte la scène gouvernementale, démissionnant ce mardi 17 juin sous la pression d’accusations graves : détournement de près de 19 millions de dollars destinés à des projets publics, notamment la construction d’une prison à Kisangani et la gestion des fonds sociaux du FRIVAO et du FONAREV.
Un retournement de situation qui interroge. Mutamba est-il victime d’un excès de zèle mal calculé, ou d’un piège politique soigneusement tendu ? Certains analystes évoquent déjà une possible revanche en sourdine des réseaux restés fidèles à l’ancien président Joseph Kabila. Ces cercles, bien implantés dans l’appareil judiciaire congolais, auraient-ils scellé le sort de celui qui osait porter la voix de la reddition de comptes à leur encontre ?
Au cœur de Kinshasa, la question est sur toutes les lèvres : « Kabila a-t-il eu la tête de Mutamba ? » Un scénario qui ne serait pas inédit dans un pays où la justice et la politique s’entrelacent dangereusement, à la faveur d’alliances invisibles mais redoutables. D’autant plus que le ministre déchu était devenu, pour certains, l’icône gênante d’un régime en quête de légitimité judiciaire.

Mais au-delà des rivalités politiques, le cas Mutamba révèle aussi les fragilités internes du système congolais. En dénonçant une corruption systémique tout en se retrouvant pris dans les filets de celle-ci, l’ancien ministre soulève une autre question, plus amère : peut-on vraiment rester intègre dans les hautes sphères de la gouvernance en RDC ?
Le procès à venir le dira. Mais en attendant, c’est un homme seul, déchu, qui quitte l’arène, sous les regards curieux et parfois moqueurs de ceux qu’il avait voulu traîner en justice. Un paradoxe aussi brutal qu’instructif. https://www.radiookapi.net/2025/06/18/actualite/justice/rdc-le-ministre-constant-mutamba-annonce-sa-demission-au-president


