Depuis le 2 juin 2025, Libreville est le théâtre d’une vaste opération de démolition de maisons construites illégalement sur des terrains déclarés d’utilité publique. Cette opération, enclenchée par les autorités gabonaises, s’inscrit dans un ambitieux programme d’aménagement urbain initié après la fin de la transition politique et la mise en place des nouvelles institutions issues du processus de refondation nationale.
Le « Boulevard de la Transition » : un projet symbolique relancé

Au cœur de ces démolitions figure la volonté de libérer l’emprise destinée à accueillir le futur Boulevard de la Transition, une infrastructure stratégique qui reliera la Fondation Jeanne Ebori à l’Assemblée nationale. Ce projet, mis en attente pendant plusieurs années, a été relancé comme symbole du renouveau administratif et urbain post-transition. Il s’accompagnera de la construction d’une Cité administrative, permettant de regrouper plusieurs services publics sur un même site, de désengorger le centre-ville et de rationaliser les dépenses de l’État.
Des destructions dénoncées comme brutales par les habitants

Malgré les déclarations officielles assurant que des indemnisations ont été versées et que les populations ont été sensibilisées, plusieurs habitants de quartiers comme Plaine Orety affirment avoir été surpris par les bulldozers. Certains évoquent l’absence de préavis, tandis que d’autres estiment avoir été laissés sans solution de relogement. Des scènes de confusion, de colère et de désespoir ont marqué les premiers jours de l’opération.
Plusieurs familles assurent avoir construit sur la base de titres fonciers obtenus auprès d’agents publics dans le passé, soulevant la question de la régularité de certains actes de propriété.
L’ANUTTC monte au front contre le désordre foncier

L’Agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre (ANUTTC), appuyée par les forces de l’ordre, a également mené des descentes dans plusieurs zones du Grand Libreville, en marquant des maisons construites en infraction sur des réserves foncières. Le directeur général de l’agence, Gildas Mickoto, a insisté sur la nécessité d’imposer l’ordre dans le domaine foncier, en mettant fin aux occupations anarchiques et à la spéculation.Il rappelle que cette campagne n’est pas punitive, mais vise à créer un cadre urbain structuré et sécurisé pour les générations futures.
Des projets de relogement promis mais attendus

Pour apaiser les tensions, le gouvernement a annoncé la construction prochaine de 5 000 logements sociaux en partenariat avec le groupe marocain Addoha. Ces habitations, prévues sur plusieurs années, devraient accueillir une partie des populations déplacées, même si les modalités de répartition restent floues. D’autres programmes de réhabilitation urbaine sont aussi en préparation, dans l’objectif d’endiguer durablement le phénomène de l’habitat précaire.
Développement vs justice sociale : un équilibre délicat

Alors que le pays a tourné la page de la transition politique, cette opération met en lumière les défis de la gouvernance actuelle : moderniser Libreville sans reproduire les erreurs du passé. La réussite de ces projets dépendra de la capacité du gouvernement à combiner rigueur administrative, respect des droits humains et transparence dans l’exécution des chantiers.
La capitale gabonaise se transforme, mais cette transformation devra impérativement intégrer les préoccupations sociales, sous peine de creuser davantage le fossé entre développement urbain et cohésion nationale. https://mediapostegabon.com/libreville-serie-de-demolitions-au-boulbaisse-et-au-camp-de-gaulle-en-vue-du-progres/


