Depuis plusieurs jours, la ville de Goma, épicentre de la tourmente sécuritaire de l’Est de la RDC, est le théâtre d’un ballet politique inattendu : le retour en scène de l’ancien président Joseph Kabila Kabange. Dans un contexte marqué par les tensions croissantes entre Kinshasa et les groupes armés, notamment le M23, Kabila multiplie les rencontres avec les forces vives de la nation – leaders religieux, notables locaux, jeunes activistes et anciens collaborateurs.
Ce retour n’est pas anodin. Il survient après une longue période de retrait politique, voire d’exil non déclaré en Afrique du Sud, et alors même que le Sénat vient de lever son immunité parlementaire, ouvrant ainsi la voie à d’éventuelles poursuites judiciaires pour crimes contre l’humanité. Malgré ces accusations, l’homme fort de l’après-Mobutu nie tout en bloc. Il se présente aujourd’hui en médiateur de crise, porteur d’un discours de réconciliation et de restauration de la paix dans un Congo meurtri.
Un coup de théâtre à Goma

Le choix de Goma, ville aujourd’hui sous contrôle rebelle, n’est pas anodin. Il défie le pouvoir central tout en ravivant les spéculations sur ses liens supposés avec le M23. « Je suis venu écouter, comprendre, partager et porter la voix du peuple », aurait-il déclaré lors d’une réunion avec les chefs religieux. Une manœuvre habile pour regagner du terrain politique tout en apparaissant comme le recours face à un pouvoir en perte de vitesse dans l’Est du pays.
Loin des projecteurs officiels, l’ancien chef d’État avance ses pions, suscitant des interrogations sur ses ambitions véritables. À Goma, certains y voient un retour organisé et méthodique du « raïs », avec le soutien discret mais actif de figures influentes du pays profond.
Jean-Marie Kasamba relance le débat sur les origines de Kabila

En parallèle, une déclaration du journaliste congolais Jean-Marie Kasamba vient secouer la sphère médiatico-politique. Selon lui :> « Joseph Kabila est congolais Muluba de Sangalubangu, frère de Félix Tshisekedi. Joseph Kabila est Luba-Kati de Manono et de Kongolo. »
Cette affirmation, qui va à l’encontre des thèses longtemps diffusées sur les supposées origines étrangères de Kabila, relance le débat sur son identité. Serait-il, comme l’affirme Kasamba, un Congolais de souche, Luba tout comme l’actuel président ? Une telle révélation, si elle venait à être largement admise, pourrait modifier la perception de son rôle historique et de son avenir politique dans une RDC toujours à la recherche de stabilité et de légitimité.
Vers une recomposition politique ?

Loin d’un simple baroud d’honneur, les actions de Kabila à Goma semblent annoncer une recomposition en profondeur de la scène politique congolaise. À l’approche de la présidentielle de 2028, les positions se prennent, les camps se dessinent, et Kabila, contre toute attente, pourrait redevenir une pièce maîtresse dans le grand échiquier congolais.
Derrière le visage grave de l’ancien président se cache peut-être une ambition renouvelée : celle de redevenir un acteur incontournable, voire un recours dans une nation en quête de direction. Le peuple congolais, lui, observe, interroge, espère – ou redoute.


