Un samedi ordinaire dans les artères modestes de Kinguélé. Pourtant, au détour des ruelles encore humides des pluies récentes, un parfum de riz chaud et de bienveillance flotte dans l’air. Ce samedi 31 mai, Marylène Assembé et les bénévoles de Repas Solidaire ont tenu promesse : apporter plus qu’un plat — une étincelle de dignité dans les yeux des oubliés.

Chrétienne engagée, la responsable de l’initiative n’a pas besoin de longs discours pour expliquer son geste : « L’aumône, c’est l’amour en action, c’est imiter le Christ qui s’est donné sans réserve. » Pour elle, la solidarité ne se déclame pas, elle se vit, elle se cuisine, elle se partage — à pleines mains.

Des dizaines de repas chauds, nutritifs et sains ont été distribués aux plus vulnérables du quartier. Mais au-delà de l’acte ponctuel, c’est toute une vision qui se dessine : Repas Solidaire ne veut pas se contenter de panser une plaie. Elle veut refaçonner l’accès à l’alimentation des couches défavorisées, avec une stratégie durable : des repas gratuits ou à très faible coût, structurés, réguliers. Une sécurité alimentaire à visage humain.

« Ce que nous avons vu est bouleversant », confie Marylène Assembé, la voix émue mais déterminée. « Derrière chaque porte, un cri muet. Des vies fragiles, des estomacs creux, mais une dignité intacte. » Le terrain ne ment pas. Et l’équipe, en s’enfonçant dans les ruelles, a aussi salué les « mamans du petit marché », ces femmes piliers de la résilience populaire, qui nourrissent leur communauté dans l’ombre, chaque jour, sans relâche.

Le chef du quartier, présent, a salué l’initiative, conscient du souffle nouveau qu’elle insuffle à un quartier qui manque souvent de tout, sauf d’âme. Il a encouragé la structuration d’un partenariat durable, tout en prodiguant quelques conseils d’ancrage communautaire.

Ce coup de projecteur sur Kinguélé, souvent absent des plans de développement, n’aurait pas été possible sans l’implication des jeunes du quartier, de l’association #KinguéléDabord et de l’infatigable Alex Mangala, frère d’engagement et acteur social.

Là où les institutions tardent, la société civile trace son chemin. Un repas, un geste, une écoute. À Kinguélé, ce samedi-là, la compassion avait le goût du riz, de l’huile de palme et de la fraternité.
« C’est une goutte dans l’océan, dira-t-on. Mais sans gouttes, pas de mer. » Voilà, peut-être, l’héritage silencieux mais durable de Repas Solidaire.


