Il est de ces hommes que les circonstances révèlent. Dans les arcanes parfois opaques de l’administration gabonaise, son nom est devenu synonyme d’audace et de probité. Guy Oscar Sadibi Mapangou, Directeur général adjoint de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA), a récemment défrayé la chronique nationale. Non pas pour un scandale, mais pour avoir osé ce que beaucoup taisent : mettre en lumière une menace directe à la santé des Gabonais.
Un acte de bravoure

Le 24 mai 2025, à la tête d’une mission d’inspection, le commandant Sadibi Mapangou découvre l’indicible : deux marques locales d’eau en sachet, « Eau Wally » et « Eau Baraka », commercialisent des produits dans des conditions d’hygiène lamentables, sans étiquetage, ni traçabilité. Les preuves sont accablantes. Conformément à ses fonctions et mû par une conscience professionnelle irréprochable, il ordonne la suspension immédiate de leur production. Une décision saluée par les consommateurs mais qui n’a visiblement pas plu à tous.
Le courage désavoué

Le 27 mai, dans un communiqué qui a glacé plus d’un patriote, le Directeur général de l’AGASA, Jean Delors Biyoghe Bi Ntougou, prend ses distances avec l’opération, qualifiant l’initiative de « cavalière ». Un désaveu public qui sonne comme une gifle à l’éthique, et interroge : depuis quand protéger la santé publique est-il devenu un acte subversif ? Depuis quand l’application des lois devient-elle une faute lorsqu’elle est rigoureuse ?
Un homme debout, dans une administration à genoux

Guy Oscar Sadibi Mapangou n’en est pas à son premier fait d’armes. Ancien directeur du Centre national d’examen du permis de conduire, il s’était déjà illustré en luttant contre les réseaux de corruption qui gangrénaient le processus d’obtention du permis. Son engagement sans faille lui avait valu autant de respect que de discrètes inimitiés.
Aujourd’hui, à l’AGASA, il paie le prix fort de sa droiture. Mais pour les populations qui boivent quotidiennement ces sachets d’eau, il reste un héros silencieux. Son geste rappelle cette vérité que l’Afrique peine encore à admettre : l’intégrité dérange dans un système où la complaisance est la norme.
Une question d’intérêt public
Ce que révèle cette affaire dépasse la personne de Sadibi Mapangou. Elle met en lumière les dysfonctionnements au sein d’une institution censée être le rempart contre les dangers alimentaires. Elle interroge la volonté réelle de certains hauts responsables à faire de la sécurité sanitaire une priorité nationale.
Pourquoi désavouer un agent qui agit face à l’urgence ? Pourquoi préférer le formalisme administratif à la protection immédiate des citoyens ? Ces interrogations hantent désormais l’opinion publique.
Le peuple observe, l’Histoire jugera
Dans les quartiers populaires de Libreville, de Franceville ou de Port-Gentil, là où les sachets d’eau sont un bien de première nécessité, le nom de Sadibi Mapangou circule. Pour certains, il est celui qui a osé. Pour d’autres, l’homme qui a réveillé l’espoir que, même dans la machine bureaucratique, il existe encore des hommes droits.
En Afrique, les héros ne portent pas toujours d’uniforme de guerre. Parfois, ce sont des fonctionnaires déterminés, armés de leur conscience et de leur stylo. Guy Oscar Sadibi Mapangou en fait assurément partie. Et si aujourd’hui il est désavoué, demain, il pourrait bien incarner la figure d’une nouvelle gouvernance — celle qui place la vie des citoyens au-dessus des convenances politiques.


