Les propriétaires de véhicules vétustes préfèrent gagner de l’argent en mettant la vie des usagers en danger. Ils alignent sur les routes du Gabon des taxis sans freins, des minibus dont les amortisseurs ont rendu l’âme depuis des années, des camions surchargés qui tanguent comme des épaves. Tout cela, pour quelques milliers de francs CFA. Pendant ce temps, les familles endeuillées pleurent leurs morts, les hôpitaux croulent sous les blessés, et les morgues débordent de corps sans nom.
Face à ce massacre devenu presque banal, le ministre des Transports, Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, a brisé le silence coupable. Dans une déclaration aussi brutale qu’essentielle, il a tranché :
« Les véhicules défectueux ou en surcharge seront retirés de la circulation sans préavis, sans excuses, sans passe-droits. Trop de sang a coulé par la faute de chauffeurs irresponsables. »
Un pays sous le choc d’une hécatombe évitable

Chaque année, les routes gabonaises arrachent des vies qu’on aurait pu sauver. En 2022, plus de 600 personnes ont été tuées dans des accidents de la circulation. En 2023, malgré les campagnes de sensibilisation et quelques opérations de contrôle, la tendance reste dramatique. Surcharge, vitesse, pneus lisses, feux inexistants : la route gabonaise est une loterie macabre.
À la Direction générale de la Sécurité routière (DGSR), les statistiques sont sans appel : 80 % des accidents sont causés par des comportements humains évitables.
Tolérance zéro, enfin ?

Pour le ministre Manfoumbi Manfoumbi, il est temps d’en finir avec les demi-mesures. Une nouvelle doctrine s’installe : celle de la rigueur, de la fermeté, et de la responsabilité collective.
Des contrôles routiers renforcés sont annoncés, des véhicules seront immobilisés sur-le-champ, et les contrevenants exposés à des sanctions immédiates. Cette fois, aucune main invisible ne viendra bloquer l’application de la loi. Le laxisme a tué. L’impunité a trop duré.
Une révolution de la conscience

Mais au-delà des mesures techniques, c’est à un sursaut moral que le gouvernement appelle. Les chauffeurs ne peuvent plus se comporter en bourreaux impunis. Les passagers ne doivent plus accepter de monter dans des cercueils roulants. Et les autorités locales doivent, elles aussi, jouer leur rôle dans l’application stricte des règles.
Un dernier virage à prendre

Si cette fois est la bonne, si le ministre tient bon malgré les résistances et les intérêts mafieux du transport urbain, alors le Gabon pourra tourner le dos à une hécatombe qui n’a que trop duré.
Mais si, une fois encore, cette annonce devient un simple effet d’annonce… alors, demain encore, un taxi dérapera. Un bus se renversera. Et dans un hôpital silencieux, une mère identifiera le corps sans vie de son enfant.
Et le pays, une fois de plus, se demandera : pourquoi n’avons-nous pas agi plus tôt ?


