Situation humanitaire critique au Cameroun anglophone

Un conflit qui perdure depuis des années
La situation humanitaire dans les régions anglophones du Cameroun est désespérée. Presque dix ans de conflit, débuté fin 2016, ont laissé des cicatrices profondes. À l’époque, des manifestations pacifiques contre le système juridique francophone furent violemment réprimées par les forces de sécurité. Cette brutalité a alimenté des tensions qui ont mené, en 2017, à la déclaration unilatérale d’indépendance de la République fédérale d’Ambazonie par des leaders séparatistes.
Les conséquences sont tragiques : plus de 6 000 morts et des centaines de milliers de déplacés. Les affrontements entre les forces gouvernementales et des groupes tels que les Ambazonia Defense Forces (ADF) exacerbent une crise humanitaire alarmante. Les récits d’horreur, comme celui de Joe, un homme enlevé avec sa famille et témoin d’exécutions, révèlent la brutalité du conflit. Les enlèvements et les meurtres se sont banalisés, plongeant les familles dans le deuil et le désespoir.
Les établissements scolaires, censés être des refuges d’apprentissage, sont également touchés. Selon le journaliste Eyong, « près de la moitié des écoles de la région ont fermé leurs portes ». Ainsi, une génération d’enfants se voit privée d’éducation, un facteur qui aura des répercussions sur les communautés et le pays tout entier.

Les acteurs du conflit et leurs motivations
Les ADF, principaux acteurs séparatistes, affirment respecter le droit international. Pourtant, des accusations de violations des droits de l’homme pèsent sur eux, tout comme sur les forces gouvernementales. Felix Agbor Nkongho, avocat et figure des manifestations, témoigne d’une perte de confiance envers les séparatistes et d’abus signalés de part et d’autre. Human Rights Watch a documenté de graves atteintes, tels que des exécutions extrajudiciaires et des tortures, plaçant la situation dans un contexte critique.
L’arrestation récente de John Ewome, un leader séparatiste, met en lumière les tensions internes au sein des mouvements militants. Accusé de violations des droits de l’homme, il conteste ces accusations, révélant des luttes de pouvoir intenses au sein des ADF, qui dénoncent des infiltrés gouvernementaux multipliant les atrocités pour discréditer leur mouvement. La méfiance est omniprésente dans ce conflit complexe.
Les conséquences sur la population civile sont dévastatrices. Ngabi Dora Tue, qui a perdu son mari, résume le désespoir ambiant et les difficultés financières et psychologiques ressenties par des milliers de familles. La crise humanitaire ne se limite pas à une question de sécurité, elle est aussi une lutte pour la survie quotidienne.

Les efforts de paix et leurs limites
Face à cette terrible crise, plusieurs tentatives de paix ont été entrepris, notamment un « dialogue national majeur » en 2019. Bien qu’il ait une fois reconnu un statut spécial pour les régions anglophones, les avancées concrètes sont restées rares. Les promesses d’autonomie ont souvent été perçues comme des gestes superficiels, incapables de vraiment répondre aux aspirations des populations locales.
Les efforts internationaux, y compris ceux de l’Union africaine, ont été entravés par un manque de volonté politique des parties concernées. La méfiance entre les séparatistes et le gouvernement est si forte qu’un dialogue réel semble quasi impossible. De plus, les abus signalés des deux côtés compliquent la recherche d’une solution durable.
Les histoires de victimes et les rapports d’organisations de défense des droits de l’homme soulignent clairement l’urgence d’une intervention significative. La communauté internationale doit intensifier ses efforts pour instaurer un processus de paix inclusif. Sans cela, la crise humanitaire continuera de se détériorer, condamnant des générations à souffrir sans avenir.
La crise humanitaire dans les régions anglophones du Cameroun soulève des questions cruciales : comment les acteurs internationaux peuvent-ils contribuer à une résolution pacifique ? Quelles mesures doivent être prises pour garantir la sécurité et les droits fondamentaux des populations touchées ? La réponse à ces questions déterminera l’avenir de cette région déjà meurtrie par des années de conflit.


