Le Parti Démocratique Gabonais (PDG), longtemps synonyme de toute-puissance politique, se vide aujourd’hui de ses dignitaires comme un navire abandonné en pleine tempête. Depuis l’élection du président Brice Clotaire Oligui Nguema et sa prestation de serment le 3 mai dernier, les défections s’accélèrent. Ministres d’hier, gouverneurs de l’ancien régime, députés convertis sur le tard… ils fuient à la chaîne le parti qui les a nourris pendant des décennies pour tenter de se repositionner sous les projecteurs d’une République fraîchement refondée.
Le PDG est désormais un bateau fissuré, tiraillé entre deux courants : les irréductibles nostalgiques de l’ère Ali Bongo Ondimba, et la nouvelle aile dirigée par Blaise Louembé Kouya, qui tente d’instaurer un « PDG du renouveau », plus souple, plus opportuniste. Mais au fond, quelle sincérité derrière ces réajustements ? Qui sont ces repentis qui s’accrochent désormais aux basques du nouveau président comme on s’accroche à une bouée de sauvetage politique ?
Un pouvoir nouveau, mais un vieux personnel politique en embuscade
Le 3 mai 2025, Brice Clotaire Oligui Nguema a prêté serment en tant que président élu de la République gabonaise, consacrant la fin d’une transition et l’ouverture d’une nouvelle page de l’histoire nationale. Son discours, empreint d’unité et d’inclusivité, a réaffirmé sa volonté de travailler avec « tous les Gabonais, sans exclusion ». Mais cette ouverture, bien que républicaine dans son essence, provoque un malaise croissant dans l’opinion.
Car les premiers à toquer aux portes du nouveau pouvoir ne sont pas les visages de l’ombre ou de la résistance, mais bel et bien ceux qui, hier encore, occupaient les lambris dorés du pouvoir PDGiste. Des visages liés à la gabegie, au népotisme, à l’impunité généralisée. Aujourd’hui, ils veulent se faire les hérauts d’un changement qu’ils n’ont jamais réclamé.
PDG : le démantèlement silencieux d’un colosse aux pieds d’argile
En moins d’un an, le PDG a vu fondre son socle militant, ses cadres régionaux, et même ses financiers historiques. Le départ de nombreux ténors, certains ralliés sans gêne à la majorité présidentielle, pose une question morale : peut-on tourner la page du passé avec les plumes de ceux qui l’ont noircie ?
La faction de Blaise Louembé tente tant bien que mal de reconstruire une légitimité pour un PDG « relooké », à coups de conférences et de déclarations de loyauté. Mais dans les rues de Libreville, de Port-Gentil ou d’Oyem, personne n’est dupe. Le peuple gabonais, qui a payé le prix fort de l’immobilisme et de la corruption, garde un œil méfiant sur ces caméléons politiques.
Un président face au dilemme de la continuité et de la rupture
Le président Oligui Nguema, désormais légitimé par les urnes, incarne un espoir : celui d’un Gabon plus juste, plus transparent, plus ambitieux. Mais l’infiltration progressive des anciens du PDG dans l’appareil d’État pose une question cruciale : la rupture est-elle encore possible si les visages restent les mêmes ? Peut-on faire du neuf avec du vieux ? L’opinion publique est en alerte, les réseaux sociaux s’enflamment, et la jeunesse gabonaise, principale force du changement, observe avec une vigilance redoublée.
Conclusion : L’épreuve du discernement
Il ne s’agit pas de rejeter systématiquement tout ancien membre du PDG – certains ont servi avec intégrité et compétence. Mais il revient au président Oligui Nguema, fort de son nouveau mandat, de faire preuve d’un discernement rigoureux. Le Gabon de demain ne peut se construire sur les bases pourries du Gabon d’hier. Le pardon, oui. L’amnésie, non.
Le PDG s’effondre à petits pas, mais ses anciens locataires n’ont pas dit leur dernier mot. À ceux qui rêvent d’un retour en douce, le peuple gabonais rappelle : la révolution du 30 août n’était pas un simple épisode, mais un serment d’avenir.
