Impact des préparatifs électoraux de 2025 sur la stabilité politique du Cameroun

Un contexte électoral tendu
À l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025, le Cameroun se trouve à un carrefour critique. Les tensions politiques, accentuées par un code électoral contesté, soulèvent de vives inquiétudes quant à la stabilité du pays. Christian Ntimbane Bomo, candidat déclaré, a écrit une lettre ouverte au président Paul Biya, demandant l’adoption urgente d’un nouveau code électoral consensuel. Cette démarche met en lumière des enjeux cruciaux, notamment la définition de « parti représenté », une question qui pourrait fortement influencer le climat politique.
Les propos de Grégoire Owona, membre du gouvernement, pointant du doigt le professeur Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), témoignent d’une polarisation croissante. Cette situation évoque les événements précédant la guerre civile en Côte d’Ivoire, où des divergences politiques ont conduit à des violences. L’article 121 alinéa 2 du code électoral actuel, jugé potentiellement anticonstitutionnel, pourrait devenir un catalyseur de conflits si des mesures ne sont pas prises rapidement.
Les préparatifs électoraux dépassent l’organisation logistique des élections ; ils suscitent également des débats sur la légitimité des institutions et des acteurs politiques. Urgent, le consensus autour d’un nouveau code électoral pourrait déterminer la paix ou le chaos dans le pays.

Les défis d’une pluralité de candidatures
Vincent Sosthène Fouda, politologue camerounais, a souligné que l’élection de 2025 pourrait voir émerger un nombre record de candidatures, potentiellement jusqu’à 268. Cette pluralité risque de compliquer le processus électoral et d’aggraver les contentieux pré-électoraux. Chaque conseiller municipal, député ou sénateur pourrait choisir de rejoindre un parti d’opposition, augmentant la fragmentation politique.
Cette situation pose des défis pour la gouvernance et la capacité des institutions à gérer un tel afflux. Les avocats et les acteurs de la société civile devront jouer un rôle crucial pour soutenir l’opposition face au Conseil constitutionnel, afin d’assurer un processus électoral équitable. Si les tensions persistent, il est même envisageable que l’élection soit reportée à mars 2026, aggravant ainsi l’instabilité politique.
Les enjeux sont donc doubles : d’une part, la nécessité d’une régulation efficace des candidatures, et d’autre part, la préservation de la paix sociale. Les acteurs politiques doivent faire preuve de responsabilité pour éviter que la compétition électorale se transforme en affrontement destructeur.

Appels à l’unité et à la réflexion
Dans ce climat chargé de tensions, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à une approche inclusive. Djeukam Tchameni a par exemple proposé la formation d’une Coalition pour une Alternative Patriotique, tout en critiquant la démarche clivante du MRC. Il insiste sur l’importance d’un programme commun, capable de rassembler au-delà des clivages politiques actuels. Cette approche pourrait être essentielle pour mobiliser les électeurs et éviter une fragmentation supplémentaire du paysage politique.
La fête nationale du 20 mai, qui coïncide avec cette période électorale, pourrait également jouer un rôle symbolique. Le thème de cette année, « Armée et nation, ensemble pour un Cameroun uni, pacifique et prospère », résonne particulièrement dans le contexte actuel. Les acteurs politiques doivent réfléchir aux moyens de transformer ce discours en actions concrètes pour favoriser la réconciliation.
Les défis sont multiples, mais la voie vers une stabilité politique durable passe par un dialogue ouvert et constructif entre tous les protagonistes. Les élections de 2025 ne devraient pas être perçues uniquement comme un moment de compétition, mais comme une opportunité de redéfinir les bases d’une gouvernance inclusive, respectueuse des droits de tous les citoyens.
Alors que le Cameroun se dirige vers ces élections cruciales, une question demeure : les acteurs politiques parviendront-ils à transcender leurs divergences pour garantir un processus électoral pacifique et légitime ? Ou bien le pays sera-t-il condamné à revivre les erreurs du passé, avec des conséquences désastreuses pour sa stabilité ?


