Libreville, par notre envoyé spécial – Dans l’air tiède d’un matin d’avril, les files d’attente sont rares et les regards souvent interrogateurs. À seulement quatre jours de l’élection présidentielle cruciale du 12 avril 2025, le ministère de l’Intérieur a enclenché depuis le 3 avril l’opération de distribution des cartes d’électeur. Pourtant, dans plusieurs centres de retrait de Libreville, l’ambiance est loin d’être fébrile. Le pays joue sa démocratie, mais certains semblent encore l’ignorer.
Sur les bancs fatigués de l’école publique d’Okala, Ulrich observe les va-et-vient avec un air détaché. « Les Gabonais aiment faire les choses à la dernière minute », lâche-t-il, mi-amusé, mi-résigné. Son constat, partagé par bon nombre de citoyens, illustre cette tendance nationale à l’attentisme, voire à l’indifférence.
Pourtant, la réalité est bien différente à quelques encablures de là, au quartier Cap. Marlène, habitante du coin, balaie l’idée d’un désintérêt. « Autour de moi, presque tout le monde a déjà récupéré sa carte. On veut voter, on veut que les choses changent », affirme-t-elle d’une voix calme mais déterminée. Entre perception et réalité, le fossé semble parfois mince.
Du côté d’Alenakiri, dans la commune d’Owendo, l’indécision règne encore chez certains. Marius, la trentaine, avoue qu’il n’a pas encore pris sa décision. « Je vais y aller aujourd’hui pour récupérer ma carte. Je n’étais pas au courant que la distribution avait déjà commencé », confie-t-il, illustrant au passage les défis persistants en matière de communication électorale.
Cette lenteur dans le retrait des cartes, dans un pays où le vote reste un marqueur de souveraineté et un espoir de renouveau, interroge. Est-ce la lassitude, le désenchantement, ou simplement la routine du « on verra demain » ? Dans tous les cas, le ministère de l’Intérieur joue contre la montre, misant sur une mobilisation de dernière minute pour garantir une participation digne d’une échéance historique.
Dans cette dernière ligne droite, le pays retient son souffle. Le 12 avril approche, et avec lui, la promesse – ou l’illusion – d’un nouveau départ. À chacun désormais de se saisir de son droit, de sa carte, et de faire entendre sa voix dans l’urne. Le compte à rebours est lancé.
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