Constructions anarchiques et inondations à Kinshasa

Un contexte alarmant
Le 6 avril 2025, Kinshasa a été confrontée à une catastrophe sans précédent lorsque la rivière N’djili a débordé, séparant la ville en deux et entraînant des inondations dévastatrices sur le boulevard Lumumba. De nombreux habitants se sont retrouvés piégés, incapables de regagner leurs foyers. Cette tragédie met en lumière un problème persistant : la prolifération des constructions anarchiques dans la capitale congolaise.
Les pluies torrentielles des 4 et 5 avril ont aggravé une situation déjà précaire. Des récits poignants de résidents comme Jeancy-Paul et Jean-Pierre Tshimanga révèlent une montée de la colère envers l’octroi de permis de construire dans des zones à risque, particulièrement à proximité de la rivière. Ces édifices, souvent érigés sans respecter les normes d’urbanisme, intensifient la vulnérabilité de certains quartiers, remplaçant les espaces naturels par des infrastructures dangereuses.
Le gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba Lubaki, a fait état d’une réalité inquiétante : de nombreuses constructions ont été réalisées dans des zones interdites. Cela soulève d’importantes questions sur la responsabilité des autorités locales et appelle à une révision urgente des politiques d’aménagement du territoire.

Les conséquences des constructions anarchiques
Les inondations sur le boulevard Lumumba ne résultent pas seulement de phénomènes météorologiques extrêmes, mais aussi d’une urbanisation anarchique. Les constructions non réglementées, comme celles de l’église Shekina, ont obstrué le cours naturel de la rivière N’djili, augmentant ainsi le risque d’inondation. Jeancy-Paul, un résident de Masina, témoigne des pertes matérielles colossales et de l’angoisse omniprésente parmi les habitants.
Les quartiers voisins, tels que Ndanu et Petro Congo, ont également connu des ravages, avec des maisons complètement englouties et des coupures d’électricité. Ces tragiques événements illustrent l’impact direct des constructions anarchiques sur la sécurité des résidents. La peur d’être à nouveau inondés s’intensifie, comme le témoignent Belinda et d’autres citoyens préoccupés.
Les conséquences vont bien au-delà des pertes matérielles. Au moins dix vies ont été tragiquement perdues, et la détresse psychologique des survivants est manifeste. La communauté se retrouve dans une dynamique de vulnérabilité exacerbée, où les infrastructures de base subissent de plein fouet la crise, rendant l’accès à l’eau potable et à l’électricité encore plus précaire.

Vers une prise de conscience collective
Face à cette crise, il est crucial d’initier une réflexion collective sur l’urbanisme à Kinshasa. Les constructions anarchiques, souvent motivées par des intérêts économiques à court terme, mettent en danger la vie des habitants et l’intégrité de l’environnement. Il est temps d’unir les efforts des acteurs politiques, des urbanistes et des citoyens pour repenser l’aménagement du territoire.
Les experts en urbanisme insistent sur l’importance d’une planification rigoureuse, tenant compte des risques naturels. Il est vital de sensibiliser la population aux dangers des constructions non réglementées et de promouvoir des pratiques de construction durables. De plus, une coopération entre les autorités locales et les organisations non gouvernementales pourrait faciliter une meilleure gestion des ressources et prévenir efficacement de futures catastrophes.
La catastrophe du 6 avril 2025 devrait servir de leçon pour demain. La résilience de Kinshasa face aux inondations dépendra de la capacité de ses dirigeants à instaurer des politiques d’urbanisme responsables et à garantir la sécurité de ses citoyens. Comment la ville peut-elle se préparer à de futurs défis environnementaux tout en protégeant ses habitants ? La réponse réside dans une prise de conscience collective et une action concertée.