Revenu mensuel pour tous les chômeurs ?
Par Prince Bertoua – Libreville, pour Africacoeurnews.
Dans un pays où les promesses électorales jaillissent comme des pluies d’orage en saison sèche, celle d’Alain-Claude Bilie-By-Nze vient de faire trembler les murs feutrés de la République : 150.000 FCFA par mois pour chaque Gabonais sans emploi. Une idée séduisante pour les oreilles en détresse, mais un mirage budgétaire pour ceux qui savent compter. Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, vice-président de l’Assemblée nationale de transition et voix implacable de la société civile, n’a pas tardé à réagir. Et sa réponse claque comme un fouet dans le désert politique gabonais.
Un « revenu pour tous », vraiment ?

Ce n’est pas une promesse, c’est un anesthésiant ! » tranche Foumboula dans un ton calme mais tranchant. « Comment un ancien Premier ministre qui a lui-même piloté une politique d’austérité peut aujourd’hui promettre ce que même les grandes économies africaines n’osent pas garantir ? » Pour le co-fondateur du copil citoyen , cette proposition relève davantage de la démagogie électorale que d’un véritable projet économique.
Des chiffres contre les slogans

D’après les données de la Direction Générale de l’Économie, le Gabon compte environ 500.000 personnes en situation de chômage ou de sous-emploi. « Faites le calcul », dit-il. » 150.000 FCFA multipliés par 500.000 personnes, c’est 75 milliards de francs CFA par mois, soit 900 milliards par an ! Cela représente pratiquement la moitié du budget de l’État. »
Un gouffre budgétaire que rien, selon lui, ne vient justifier. « À moins de supprimer l’armée, l’éducation et la santé, où trouve-t-il cet argent ? Le pétrole ? Il a fui. Les minerais ? En chute libre. L’endettement ? Déjà insoutenable. »
Le retour des vieilles recettes

Pour Foumboula, la proposition de Bilie-By-Nze est le reflet d’un système politique en bout de souffle, « qui tente d’acheter la paix sociale avec de l’illusion monétaire ». « Ce n’est pas de l’aide qu’il nous faut, c’est du travail, de la dignité, des infrastructures, des industries, une réforme profonde de la formation professionnelle. Bref, une vision. »
La jeunesse, juge suprême

Alors que le scrutin du 12 avril s’annonce comme un tournant historique pour le Gabon post-Bongo, les jeunes, majoritaires dans le corps électoral, devront trancher entre les mots et les actes. « On ne peut plus se laisser séduire par des slogans qui brillent sans éclairer », conclut Geoffroy Foumboula. «
Le Gabon ne se construira pas à coups de promesses mensuelles, mais par une refondation courageuse de son modèle économique. »
Analyse : À quelques jours d’une élection décisive, le duel des idées prend forme. Et s’il fallait une preuve que la société civile est plus que jamais vivante, la réaction de Foumboula en est la plus vibrante démonstration. Reste à savoir si, dans les urnes, le rêve comptera plus que la raison.