Libreville, 25 mars 2025 – Dans un contexte de crise du logement et d’explosion des loyers, un phénomène inquiétant gangrène le marché immobilier gabonais : celui des démarcheurs informels. Se présentant comme des agents immobiliers sans en avoir le statut légal, ces intermédiaires autoproclamés sévissent dans les grandes villes, notamment à Libreville et Port-Gentil, imposant aux locataires des frais exorbitants pour des services discutables.
Des pratiques abusives et hors cadre légal

De plus en plus de Gabonais en quête d’un logement se retrouvent confrontés à ces démarcheurs qui, en échange d’une simple mise en relation avec un propriétaire, exigent des « frais d’agence » équivalents à un mois de loyer, voire plus. Or, ces intermédiaires ne sont affiliés à aucune structure légale et ne possèdent ni licence professionnelle ni registre de commerce.
« J’ai trouvé une maison sur une annonce en ligne, mais avant même de la visiter, on m’a demandé de payer 100 000 FCFA pour des ‘frais de dossier’. Une fois sur place, le propriétaire a nié avoir mandaté qui que ce soit », raconte Mireille, une jeune fonctionnaire à Libreville. Un témoignage parmi tant d’autres qui illustre l’opacité de ces transactions et l’absence totale de recours en cas d’arnaque.
Un vide juridique et des autorités passives

Le secteur immobilier au Gabon reste largement dérégulé, laissant place à des abus en toute impunité. Contrairement à d’autres pays de la sous-région où l’activité d’agent immobilier est encadrée par des lois strictes, le Gabon tarde à légiférer sur la question, permettant ainsi à ces démarcheurs clandestins de prospérer.
Face à cette situation, les professionnels du secteur s’alarment. « Nous avons des agences officielles qui paient des taxes et respectent la réglementation, mais nous sommes concurrencés par des démarcheurs qui opèrent dans le flou le plus total, sans aucun contrôle », dénonce un agent immobilier basé à Libreville.
Vers une régulation nécessaire ?

Alors que la population exprime un ras-le-bol croissant, la pression monte sur les autorités. Le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme est interpellé sur la nécessité d’un cadre réglementaire strict, obligeant toute personne exerçant une activité d’intermédiaire immobilier à être déclarée et à justifier d’un agrément officiel.
Des pistes sont évoquées, notamment l’instauration d’une carte professionnelle obligatoire et la mise en place d’un barème officiel des frais d’agence. Mais en attendant, les locataires restent livrés à eux-mêmes face à des pratiques prédatrices qui plombent encore davantage un marché locatif déjà tendu.
Jusqu’à quand les autorités fermeront-elles les yeux sur ce fléau ? https://www.gabonreview.com/agent-immobilier-quid-de-la-regularisation-annoncee-par-le-ministere-de-lhabitat/