Une analyse des revirements politiques récents
Kinshasa, 21 mars 2025 – La scène politique congolaise est à nouveau le théâtre d’un retournement surprenant. Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, se trouve une fois encore au cœur des critiques. Longtemps salué pour son potentiel de renouveau, il est aujourd’hui qualifié d’« homme sans parole » en raison de ses fréquents changements de position, qui laissent perplexes observateurs et analystes.
Des engagements fragiles

Depuis son arrivée au pouvoir, Tshisekedi avait promis une certaine fermeté sur des sujets clés de la politique étrangère. L’un des engagements les plus cités concernait sa décision de ne plus rencontrer le président rwandais Paul Kagamé, dont la relation avec la RDC est historiquement marquée par des tensions. Ce serment, perçu comme une volonté de rompre avec les pratiques diplomatiques de compromis, avait d’ailleurs renforcé l’image d’un dirigeant prêt à opérer des changements audacieux.
Pourtant, quelques heures à peine avant la publication de cet article, une rencontre de haut niveau a eu lieu à Doha, au Qatar. Sous la médiation attentive de l’émir qatari, les deux présidents se sont retrouvés en tête-à-tête, illustrant une volte-face inattendue de la politique congolaise. Cette nouvelle collaboration, qui se veut le fruit d’un dialogue pragmatique, ne peut occulter le contraste saisissant entre la promesse initiale et l’action concrète.
Entre pragmatisme et crédibilité en berne
L’analyse politique actuelle met en exergue une tendance inquiétante : l’écart grandissant entre le discours et la pratique. D’un côté, l’engagement affiché de ne plus traiter avec certains partenaires controversés, et de l’autre, la réalité d’un dialogue renouvelé avec ceux mêmes acteurs. Ce phénomène, loin d’être isolé, reflète une posture pragmatique adoptée par un président qui se voit contraint de jongler entre pressions internationales, impératifs régionaux et les défis internes colossaux de la RDC.
Dans ce contexte, les critiques fusent. Les opposants et une partie de la communauté internationale dénoncent ces revirements comme une atteinte à la crédibilité de l’exécutif, perçue comme un manque de fermeté politique. Ils avancent que ces ajustements incessants laissent planer le doute sur les convictions réelles de Tshisekedi, et sur la capacité de son gouvernement à mener une politique étrangère cohérente et intègre.
La médiation qatari, levier ou manoeuvre stratégique ?

L’intervention de l’émir qatari dans cette rencontre bilatérale a ajouté une couche supplémentaire à cette équation diplomatique complexe. Si, d’un côté, Doha se présente comme un médiateur impartial facilitant le dialogue entre des partenaires historiquement antagonistes, de l’autre, certains analystes estiment que cette médiation sert à légitimer des choix politiques qui, autrement, risqueraient de décrédibiliser l’image du président congolais.
Pour beaucoup, cette rencontre témoigne d’une diplomatie de façade, destinée à apaiser les tensions internationales sans véritablement répondre aux enjeux internes de la RDC. La question demeure alors : cette capacité à faire volte-face et à s’adapter en fonction des circonstances relève-t-elle d’un réalisme politique indispensable dans un environnement instable, ou est-elle le signe d’un leadership vacillant, incapable de tenir ses promesses ?
Conclusion
Félix Tshisekedi se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Son positionnement sur la scène internationale, oscillant entre engagement ferme et pragmatisme opportuniste, soulève des questions essentielles quant à la crédibilité et à la transparence de sa politique. Qualifié d’« homme sans parole », il devra, dans les mois à venir, clarifier ses intentions et définir une stratégie cohérente pour restaurer la confiance de ses partenaires internationaux et de sa propre population. Dans un contexte où chaque geste compte, l’avenir dira si ces revirements représentent une évolution stratégique ou le reflet d’un leadership en crise. https://www.jeuneafrique.com/1643631/politique/rencontre-annulee-avec-kagame-dialogue-avec-le-m23-ce-que-tshisekedi-a-dit-a-sa-majorite/