Goma, RDC – L’espoir d’une accalmie s’est rapidement dissipé. Moins de 24 heures après l’annonce d’un cessez-le-feu négocié sous l’égide du Qatar, les affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23/AFC, soutenus par le Rwanda selon Kinshasa, continuent de ravager l’Est du pays.
Un cessez-le-feu vidé de sa substance

Négocié le 19 mars à Doha entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, ce nouvel engagement diplomatique devait marquer une pause dans les hostilités. Mais sur le terrain, les armes ne se sont jamais tues. Depuis jeudi 20 mars, les combats font rage dans le Nord-Kivu, notamment aux abords de Sake et de Kitchanga, des zones stratégiques que le M23 tente d’arracher aux FARDC.
Le retrait du groupe rebelle du processus de négociation à Luanda, sous l’égide du président angolais João Lourenço, a porté un coup fatal aux efforts de médiation. Sans signature officielle ni mécanisme clair de mise en œuvre, cet énième cessez-le-feu apparaît comme une déclaration sans contrainte, incapable d’imposer une trêve effective.
Une impunité qui nourrit la guerre

Les violations répétées des accords de paix en RDC ne sont pas une nouveauté. Depuis 2022, le M23 a systématiquement ignoré les injonctions internationales, poursuivant son avancée militaire malgré les pressions diplomatiques. L’absence de sanctions concrètes et de mesures coercitives contre les belligérants renforce ce cycle d’impunité.
« Nous avons entendu parler de cessez-le-feu, mais nous n’avons vu que des bombes tomber sur nos villages », témoigne Éric, un déplacé de la région de Masisi, réfugié à Goma après avoir fui les combats. Comme lui, des centaines de milliers de civils paient le prix d’une guerre qui semble se jouer loin des salons feutrés de la diplomatie.
La RDC face à un dilemme sécuritaire

Alors que Kinshasa appelle la communauté internationale à prendre ses responsabilités, la question du soutien présumé du Rwanda au M23 continue d’empoisonner les relations régionales. Les initiatives diplomatiques peinent à produire des résultats concrets, laissant l’armée congolaise seule face à une rébellion déterminée et bien équipée.
Dans cette guerre qui ne dit pas son nom, les populations civiles demeurent les premières victimes. Tant que les engagements de paix ne seront pas assortis de véritables mécanismes de contrôle et de sanction, l’Est de la RDC restera une terre de promesses brisées et de souffrances prolongées.
Par Prince Bertoua
Pour Africacoeurnews