Yaoundé, 18 mars 2025 – L’histoire semble se répéter inexorablement au sommet de la chambre haute du Parlement camerounais. À 91 ans, Marcel Niat Njifenji, doyen incontesté du Sénat, a une fois de plus été reconduit à la tête de l’institution. Seul candidat en lice, présenté par le nouveau président du groupe parlementaire du RDPC, Badel Ndanga Ndinga, l’inamovible président a été élu sans surprise lors de la session inaugurale du 18 mars 2025, qui s’est tenue dans le nouvel hémicycle du Sénat à Mballa II, Yaoundé.
Un cycle sans fin

Depuis la mise en place effective du Sénat en 2013, Marcel Niat Njifenji règne en maître absolu sur cette institution. Loin d’être une anomalie, cette longévité politique semble s’inscrire dans une mécanique bien huilée où le renouvellement du personnel dirigeant relève davantage d’un rituel que d’une réelle compétition. À trois reprises, il a été nommé sénateur par le président de la République et, treize fois consécutives, il a été reconduit au perchoir par ses pairs.
Le processus électoral s’est déroulé sous la présidence du bureau d’âge, dirigé par le doyen René Ze Nguélé, conformément aux dispositions du règlement intérieur du Sénat. L’absence d’adversaire, conjuguée à l’influence du parti au pouvoir, a rendu l’issue du scrutin des plus prévisibles.
Un patriarche au sommet du pouvoir

Originaire de Bangangté, dans le département du Ndé, région de l’Ouest, Marcel Niat Njifenji est l’un des derniers piliers d’une génération politique qui a façonné l’architecture institutionnelle du Cameroun post-indépendance. Son parcours, marqué par des décennies de service au sein de l’administration et des sphères du pouvoir, en fait une figure incontournable du régime en place.
Mais à 91 ans, et malgré un état de santé souvent évoqué en coulisses, l’homme continue de s’accrocher à son fauteuil. Son nouveau mandat, d’une durée d’un an, pourrait ne pas être le dernier. Sauf imprévu, il pourrait être reconduit en 2026, puis en 2027, jusqu’à l’échéance du mandat sénatorial en 2028.
Quelle relève pour le Sénat ?
Si cette réélection confirme une certaine stabilité institutionnelle, elle soulève aussi des questions sur l’avenir du Sénat camerounais. À l’heure où de nombreux pays africains amorcent des changements générationnels dans leurs institutions, le Cameroun semble figé dans une continuité politique où le renouvellement reste théorique.
La présidence de Marcel Niat Njifenji, aussi emblématique soit-elle, renvoie à une interrogation plus large : le Sénat camerounais est-il destiné à demeurer un cercle fermé où l’alternance est repoussée aux calendes grecques ? Pour l’instant, la question reste sans réponse. Une seule certitude : à 91 ans, l’inamovible président du Sénat est toujours là. Et il n’a visiblement pas dit son dernier mot.