Un sommet discret sous l’égide du Qatar
Dans un développement diplomatique aussi surprenant que stratégique, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, et son homologue rwandais, Paul Kagame, se sont rencontrés à Doha, au Qatar. Cette réunion, organisée en toute discrétion, intervient dans un contexte de tensions persistantes entre les deux voisins, sur fond d’accusations de soutien aux groupes armés dans l’Est congolais.
Selon plusieurs sources diplomatiques, cette rencontre a été facilitée par l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, qui a multiplié ces dernières années les efforts de médiation dans divers conflits à travers le monde. En s’imposant comme un acteur clé des négociations internationales, Doha cherche à renforcer son rôle d’arbitre sur la scène africaine, un continent où la compétition pour l’influence est féroce entre grandes puissances.
Les coulisses d’une médiation à haut risque

Si le Qatar est en première ligne, il ne serait pas le seul artisan de ce rapprochement inattendu. Des sources proches du dossier évoquent également un rôle actif des États-Unis, qui exercent une pression croissante sur Kigali et Kinshasa pour désamorcer une crise qui menace la stabilité de la région des Grands Lacs.
Washington, inquiet de l’extension des violences en RDC et des accusations portées contre le Rwanda pour son soutien au M23, chercherait à éviter une escalade incontrôlable. L’implication de Doha dans cette médiation pourrait être vue comme un moyen d’apporter une solution par la diplomatie tout en maintenant une certaine neutralité dans le conflit.
L’Union africaine et plusieurs partenaires européens auraient également été impliqués en coulisses, insistant sur la nécessité d’une désescalade. Pour eux, un dialogue direct entre Tshisekedi et Kagame est la seule issue viable pour espérer ramener la paix dans l’Est congolais.
Un premier pas vers la paix ou un simple exercice diplomatique ?

Cette rencontre marque-t-elle un tournant décisif dans la relation RDC-Rwanda ? Rien n’est moins sûr. Félix Tshisekedi a toujours adopté une ligne dure contre Paul Kagame, dénonçant ouvertement l’implication du Rwanda dans la crise sécuritaire en RDC. Kagame, de son côté, maintient une position ambiguë, niant tout soutien au M23 tout en défendant la nécessité pour le Rwanda de sécuriser ses frontières.
Les observateurs restent prudents quant aux résultats concrets de cette rencontre. Certains y voient un simple exercice diplomatique sans engagement ferme, tandis que d’autres espèrent qu’un canal de communication durable pourra enfin être établi entre Kinshasa et Kigali.
Ce qui est certain, c’est que le Qatar renforce ainsi son rôle de médiateur mondial. Après ses interventions dans les crises du Moyen-Orient et ses efforts dans la guerre en Ukraine, Doha s’attaque désormais à l’un des conflits les plus complexes du continent africain. Reste à voir si cette initiative aboutira à une solution durable, ou si elle ne sera qu’un épisode de plus dans l’interminable bras de fer entre les deux pays.
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