Conflit au Nord-Kivu : Les raisons de la persistance des affrontements

Un contexte historique complexe
Les affrontements entre les rebelles du M23/AFC et l’armée congolaise (FARDC) dans le Nord-Kivu ne sont pas des événements isolés ; ils s’inscrivent dans une toile historique riche et douloureuse. Depuis la première guerre du Congo en 1996, la région a connu des conflits armés récurrents, souvent exacerbés par des ingérences extérieures, notamment celles du Rwanda. Les promesses de paix, comme l’Accord-cadre d’Addis-Abeba en 2013, ont été systématiquement ignorées, alimentant une méfiance profonde entre les différents acteurs impliqués.
Cette méfiance s’est intensifiée en raison des échecs militaires répétés des autorités congolaises. Malgré les efforts déployés par le président Félix Tshisekedi pour contrer le M23, la situation reste loin d’être stabilisée. Les rebelles, soutenus par des forces rwandaises, continuent à conquérir des territoires stratégiques, comme en témoigne leur récente avancée dans des localités clés. Ce cycle de violence et d’impunité complique les efforts pour établir un cessez-le-feu durable.

La dynamique du conflit et les enjeux militaires
Un autre aspect clé de la continuité des combats réside dans la dynamique militaire actuelle. Malgré l’appel au cessez-le-feu émis par le président angolais Joao Lourenço, les rebelles du M23 poursuivent leur avancée sur les axes critiques de la région, notamment Masisi-Walikale. Les affrontements violents à Rusamambu, Kibua et Mpofi illustrent une intensification des hostilités. L’armée congolaise, dans ses tentatives de contrecarrer ces offensives, a causé des dommages collatéraux, touchant même des infrastructures civiles comme l’hôpital général de Kibua.
La situation est d’autant plus complexe que le M23 contrôle maintenant plus de 50 000 km². Ils ont su s’organiser sur le plan militaire et bénéficient d’un soutien extérieur. Malgré le renforcement des FARDC en hommes et matériel, celles-ci peinent à contenir cette avancée. La lenteur des initiatives diplomatiques et l’absence de consensus sur les mesures à prendre pour instaurer un cessez-le-feu efficace aggravent les tensions. Les sanctions internationales contre le Rwanda, bien que mises en œuvre, n’ont pas porté leurs fruits, laissant ainsi le champ libre aux rebelles.

Les enjeux politiques et diplomatiques
Les enjeux politiques sont également cruciaux dans la persistance des affrontements. La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, plaide pour une réponse régionale coordonnée. Toutefois, les divisions internes du gouvernement congolais rendent la situation encore plus délicate. Le refus de négocier directement avec le M23 tant qu’ils occupent des zones congolaises complique les perspectives de dialogue. Kinshasa hésite à faire des concessions risquant de légitimer les rebelles.
Par ailleurs, l’annulation par l’AFC/M23 de sa participation aux pourparlers de Luanda, suite aux sanctions imposées par l’Union européenne, souligne la fragilité des processus de paix. Les rebelles accusent certaines institutions internationales de compromettre les échanges, renforçant la position du président Tshisekedi, perçu comme un leader belliciste. Cette impasse politique, associée à une situation sécuritaire volatile, rend particulièrement difficile toute avancée vers un cessez-le-feu.
En somme, la persistance des affrontements entre les rebelles du M23/AFC et l’armée congolaise dans le Nord-Kivu est le produit d’une convergence de facteurs historiques, militaires et politiques. La méfiance omniprésente, l’absence de progrès diplomatiques significatifs et les enjeux de pouvoir dans la région maintiennent un climat de violence. Face à cette situation, quelles solutions peuvent être envisagées pour instaurer une paix durable et soulager les souffrances des populations civiles ?