Abidjan, Côte d’Ivoire – La scène politique ivoirienne s’anime d’une nouvelle dynamique avec l’entrée en lice de Tidjane Thiam, président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA). Dans un discours tranchant, l’ancien banquier d’affaires a dénoncé ce qu’il perçoit comme une tentative de manipulation des lois et de la Constitution par le pouvoir en place.
« Ne laissez pas des gens qui ne respectent pas la Constitution et qui sont sur le point de faire un 4ᵉ mandat illégal vous complexer avec un article 48 d’une sombre loi que personne ne connaissait. »Cette déclaration, aussi frontale que stratégique, est une réponse claire aux manœuvres juridiques qui semblent se dessiner à l’horizon de l’élection présidentielle de 2025.
Un message qui cible directement le pouvoir

Si Tidjane Thiam ne cite pas directement Alassane Ouattara, l’allusion est limpide. Le chef de l’État, dont le troisième mandat en cours a été obtenu grâce à une interprétation controversée de la Constitution de 2016, pourrait être tenté de briguer un quatrième mandat. Ce qui ouvrirait un nouveau front politique explosif dans un pays qui a déjà connu des tensions électorales en 2010 et 2020.
La mise en avant de l’article 48, qui confère au président de larges pouvoirs en période de crise, semble être un nouvel argument que le régime chercherait à utiliser pour justifier un maintien au pouvoir. Mais pour Thiam, cela ne tient pas :> « Ne pas respecter la Constitution, c’est encore plus grave. La Constitution est au-dessus de la loi. Quand on ne la respecte pas, on ne peut pas imposer aux autres le respect de la loi… »
Un leadership en construction

À travers cette sortie, Tidjane Thiam affirme son autorité et montre qu’il n’a pas l’intention d’être un acteur passif de l’échéance de 2025. À la tête du PDCI depuis décembre 2023, il représente une alternative crédible dans un paysage politique où l’opposition peine souvent à s’unir face au RHDP.
Son positionnement tranche avec celui de ses prédécesseurs au PDCI, parfois plus conciliants face au pouvoir. En adoptant un ton de fermeté, il envoie un message aux militants, mais aussi aux électeurs indécis et à la communauté internationale.
Vers un affrontement politique majeur ?

Cette déclaration pourrait être le prélude d’une bataille juridique et politique intense en Côte d’Ivoire. Car si le RHDP décide d’officialiser une candidature d’Alassane Ouattara en 2025, la légitimité de cette décision sera immédiatement contestée.
Dans un pays où l’histoire politique récente a été marquée par des crises post-électorales, la question du respect des textes fondamentaux est plus que jamais un enjeu central.
Reste à savoir si Tidjane Thiam pourra mobiliser suffisamment de forces pour faire face à la machine du pouvoir. Une chose est sûre : son entrée dans l’arène politique ivoirienne promet un débat électoral musclé et une remise en cause du statu quo.