Relations économiques entre la RDC et les États-Unis : enjeux miniers

Un partenariat stratégique en devenir
Le 9 mars 2025, la porte-parole du Département d’État américain, Karoline Leavitt, a exprimé l’intention des États-Unis de signer un partenariat avec la République Démocratique du Congo (RDC) sur les minerais critiques. Ce projet s’aligne avec l’agenda « America First » de l’administration Trump, qui cherche à renforcer les investissements américains en RDC pour exploiter des ressources telles que le cobalt, le lithium et le coltan. Ces minerais sont cruciaux pour les technologies modernes, en particulier dans les secteurs de l’électronique et des énergies renouvelables.
La RDC abrite environ 70 % des réserves mondiales de cobalt, essentiel pour les batteries lithium-ion. La valeur de ces réserves est estimée à 24 000 milliards de dollars, rendant la RDC incontournable pour les États-Unis. Cependant, cette relation ne se résume pas seulement à des considérations économiques. Elle est aussi influencée par des enjeux géopolitiques, surtout face à l’influence grandissante de la Chine dans la région.
Félix Tshisekedi, le président congolais, souhaite diversifier les partenariats économiques de la RDC, en renégociant des accords avec la Chine. En janvier 2024, il a modifié le « contrat du siècle » de 2008 pour obtenir de meilleures conditions. Pourtant, des critiques émergent quant à la capacité de la Chine à honorer ses engagements, ce qui incite certains Congolais à envisager un rapprochement avec les États-Unis.

Les enjeux sécuritaires et économiques
Les pourparlers entre Washington et Kinshasa touchent aussi aux questions sécuritaires, en raison de l’instabilité persistante à l’est de la RDC, où des groupes armés, comme le M23, sèment le trouble. Tshisekedi propose un échange : l’accès aux ressources minières congolaises en contrepartie d’une assistance sécuritaire des États-Unis. Ce modèle de « minerais contre sécurité » pourrait redéfinir les relations bilatérales.
La Banque mondiale et d’autres analystes soulignent que la RDC doit impérativement améliorer sa gouvernance et combattre la corruption pour établir un partenariat de confiance avec les États-Unis. Les récentes sanctions américaines contre des responsables rwandais, accusés de soutenir le M23, témoignent de la volonté des États-Unis de durcir leur position envers le Rwanda, ce qui pourrait renforcer la RDC dans les négociations.
Cependant, des critiques, comme celles de Jean Pierre Okenda, mettent en garde contre les défis pratiques. La majorité des concessions minières sont déjà attribuées à des entreprises privées, compliquant la mise en œuvre d’un accord d’envergure. De plus, aucune entreprise minière américaine n’est actuellement active en RDC, ajoutant une couche de complexité à la situation.

Vers un avenir incertain
Les discussions entre la RDC et les États-Unis se poursuivent, soulevant des interrogations sur la durabilité et l’équité du potentiel accord. Des experts, tels que Jason K. Sterns, pointent du doigt l’irréalisme de certains aspects du plan, notamment l’éventuel déploiement de forces américaines pour sécuriser les ressources. Par ailleurs, une approche intégrée qui inclut les besoins des populations locales et le développement économique est essentielle pour éviter de transformer les « minerais de sang » en « minerais de la paix ».
Les implications de cet accord vont bien au-delà des simples transactions économiques. Elles touchent à la stabilité régionale, à la sécurité des populations et à la gouvernance en RDC. Les autorités congolaises espèrent que cet accord pourra mettre fin à la prédation rwandaise sur leurs ressources tout en renforçant leur stature sur la scène internationale.
Alors que les négociations avancent, une question demeure : cet accord sera-t-il réellement bénéfique pour le peuple congolais, ou sera-t-il simplement une transaction au profit des élites ? Les enjeux sont majeurs, et les décisions prises dans les mois à venir auront des conséquences durables sur l’avenir de la RDC et ses relations avec les États-Unis.


