Diversité culturelle au Cameroun : atout ou défi ?

Un patrimoine culturel riche et varié
Le Cameroun, surnommé « l’Afrique en miniature », est un véritable kaléidoscope culturel. Plus de 200 ethnies cohabitent sur son territoire, chacune apportant ses langues, traditions et coutumes uniques. Cette diversité n’est pas simplement un héritage : c’est un trésor vivant, vibrant au rythme des pratiques artistiques, culinaires et vestimentaires. Les Bantu, les Soudano-Négroïdes, les Pygmées… toutes ces communautés tissent la richesse du pays.
Les festivals, comme le Festival des Arts et de la Culture (FESTAC), incarnent cette diversité. Ils ne se contentent pas de mettre en lumière les traditions, ils deviennent également des espaces de dialogue interculturel. Dans un contexte de mondialisation, cette richesse culturelle peut se transformer en moteur de développement économique. Les touristes, attirés par cette mosaïque, peuvent générer d’importants revenus pour les communautés.
Cependant, cette même diversité présente des défis. Les disparités culturelles peuvent créer des malentendus, et parfois des tensions, exacerbées par un tribalisme qui gagne en influence. Le politologue Mathias Eric Owona Nguini met en garde contre le risque d’ethnocentrisme, où certaines ethnies se croient supérieures aux autres. Cela menace l’harmonie sociale, condition sine qua non d’un développement durable.

Les défis du tribalisme et de la cohésion sociale
La montée du tribalisme au Cameroun est alarmante. Dans une tribune publiée le 6 mars 2025, des patrons de presse ont alerté sur les discours de haine qui se propagent. Dans cette mosaïque culturelle, les médias et les autorités portent une énorme responsabilité. L’émergence des discours de haine, souvent amplifiés par les réseaux sociaux, alimente les tensions intercommunautaires.
Les conséquences sont visibles. Des conflits interethniques éclatent, menaçant la paix et la stabilité. Les experts soulignent que la tolérance et le respect mutuel sont des impératifs. Selon Owona Nguini, il est essentiel de résoudre les frictions culturelles sans céder à la haine. Un tel modèle pourrait inspirer d’autres sociétés multiculturelles.
Les journalistes et acteurs des médias doivent être conscients de leur influence sur la cohésion sociale. La Charte d’éthique mondiale des journalistes de la FIJ rappelle que la liberté d’expression ne devrait jamais devenir un prétexte pour propager la haine. Dans un contexte préélectoral, où les tensions montent, les médias doivent diffuser des messages de paix et de compréhension.

Vers une coexistence harmonieuse
Pour transformer la diversité culturelle en atout, la promotion de l’éducation interculturelle est cruciale. Les écoles doivent intégrer des programmes valorisant la diversité, enseignant aux jeunes l’importance de la tolérance. Cela commence dès le plus jeune âge : apprendre à apprécier les différences peut contribuer à forger une société plus unie et résiliente.
Les initiatives communautaires visant à rassembler les ethnies sont également déterminantes pour favoriser la paix. Des projets impliquant plusieurs groupes peuvent renforcer les liens et créer un sentiment d’appartenance. Ces efforts doivent être soutenus par des politiques publiques favorisant l’inclusion et la représentation de toutes les communautés dans les processus décisionnels.
En somme, la diversité culturelle au Cameroun est un double enjeu : un atout inestimable et un défi à relever. La clé réside dans la capacité des Camerounais à transformer des différences en forces à travers le dialogue, l’éducation et la responsabilité collective. Comment le pays peut-il mieux gérer cette diversité pour en faire un véritable levier de développement ? Quelles mesures concrètes pourraient être mises en place pour favoriser une coexistence harmonieuse entre les différentes ethnies ? Ces réflexions sont essentielles pour garantir un avenir pacifique et prospère à la nation.


