Régulation des Églises et ONG au Cameroun

Une Réaction aux Églises Illégales
Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a intensifié la régulation des églises et ONG clandestines au Cameroun. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une opération fermant 188 églises de réveil illégales à Yaoundé IV, orchestrée par le sous-préfet Elvis Akondi. Atanga Nji souhaite mettre un terme à la prolifération d’églises non enregistrées, jugées nuisibles pour l’ordre public et la moralité.
Lors d’une conférence semestrielle des gouverneurs, il a affirmé que seul le président, Paul Biya, a le pouvoir d’autoriser l’existence d’une église. Depuis 2010, aucune nouvelle autorisation n’a été octroyée, soulignant la rigueur de la réglementation. Une période de tolérance administrative est désormais révolue, selon le ministre.
Les fermetures récentes ont provoqué des réactions partagées. Certains applaudissent ces mesures, estimant qu’elles protègent la société des dérives sectaires. D’autres crient à l’atteinte à la liberté de culte, un droit fondamental selon la constitution camerounaise. Cette dualité révèle la complexité de la situation religieuse dans le pays.

Les Conséquences de la Régulation
Les décisions de Paul Atanga Nji laissent des marques profondes sur le paysage religieux et associatif camerounais. En fermant ces églises, le gouvernement vise à établir un cadre légal pour les activités religieuses. Toutefois, cette stratégie soulève des interrogations sur la liberté d’expression et la diversité religieuse. Les églises de réveil, souvent considérées comme des mouvements populaires, attirent de nombreux fidèles en quête de sens et de solutions à leurs difficultés quotidiennes.
La fermeture de ces structures pourrait également entraîner des répercussions économiques. Les églises de réveil jouent un rôle clé dans le soutien communautaire, offrant services sociaux, aides financières et programmes éducatifs. Leur disparition risque de laisser un vide dans certaines régions, aggravant des difficultés économiques et sociales déjà présentes.
La menace de fermer les ONG non enregistrées, prolongée jusqu’au 31 mars 2025, ajoute à cette complexité. Ces organisations, souvent au premier plan pour fournir aide humanitaire et sociale, risquent de se retrouver dans une position difficile si elles échouent à respecter les exigences administratives. L’avenir de l’engagement civique au Cameroun est en jeu.

Vers une Régulation Équilibrée ?
La position de Paul Atanga Nji soulève la question de l’équilibre entre régulation et liberté religieuse. Si le gouvernement cherche à contrôler les pratiques religieuses pour éviter les abus, il est impératif que cette régulation ne se transforme pas en répression. Des experts en droit et sociologie religieuse insistent sur la nécessité d’un dialogue entre l’État et les leaders religieux pour créer des normes respectant la loi tout en reconnaissant la diversité des croyances.
Des études montrent que dans d’autres pays, comme la France, une approche collaborative entre autorités et communautés religieuses a favorisé des pratiques mieux encadrées tout en préservant la liberté de culte. À l’avenir, le gouvernement camerounais devra trouver un juste milieu pour protéger les citoyens tout en respectant leurs droits fondamentaux. La question demeure : comment instaurer une régulation efficace sans compromettre la liberté religieuse ? Les réponses à cette question pourraient redessiner le paysage religieux du Cameroun pour les années à venir.