Conflit ethnique et gestion des ressources au Cameroun
Origines du conflit entre Mousgoum et Arabes Choa
Le conflit ethnique qui oppose les Mousgoum aux Arabes Choa dans l’Extrême-Nord du Cameroun découle de pratiques traditionnelles de gestion des ressources naturelles. Les Mousgoum, majoritairement engagés dans la pêche et l’agriculture, exploitent les plaines inondables du fleuve Logone, qui leur permettent d’irriguer leurs cultures. Les Arabes Choa, principalement éleveurs, perçoivent cette exploitation comme une menace pour leurs troupeaux. La situation se complique avec la saison sèche, entraînant une rareté des ressources en eau et de pâturage.
Entre 2021 et 2023, les tensions ont franchi un nouveau cap, avec une douzaine de conflits signalés autour de l’accès aux ressources. Selon l’International Crisis Group, ces disputes ont conduit à des déplacements temporaires d’environ 15 000 personnes d’autres groupes ethniques. Ces événements témoignent d’un impact direct sur la stabilité sociale et économique de la région.
Les autorités locales reconnaissent la gravité de la situation, mais peinent à maîtriser les tensions. Les tentatives de médiation sont souvent entravées par des rivalités historiques et des perceptions d’injustice, faisant de la résolution du conflit un défi complexe.
Conséquences sur la gestion des ressources naturelles
La dynamique du conflit défigure la gestion des ressources naturelles dans cette région. D’un côté, les Mousgoum, en creusant des bassins pour l’irrigation, tentent de s’adapter à des conditions climatiques de plus en plus difficiles. De l’autre, face à cette pratique, les Arabes Choa intensifient leurs efforts pour protéger leurs pâturages, provoquant ainsi des affrontements violents.
Ce phénomène génère un cercle vicieux : les actions d’un groupe sont perçues comme des provocations par l’autre. Par exemple, l’agrandissement des bassins d’irrigation par les Mousgoum réduit la disponibilité des pâturages pour les Arabes Choa. Ces derniers peuvent alors être incités à déplacer leurs troupeaux vers des zones traditionnellement attribuées aux Mousgoum, exacerbant ainsi les conflits pour les ressources vitales et menaçant leur sécurité alimentaire.
Les conséquences de cette lutte vont au-delà des affrontements. La surexploitation des ressources en eau et des terres agricoles entraîne une dégradation des écosystèmes locaux, aggravant la crise environnementale. L’Observatoire national sur les changements climatiques (Onacc) alerte sur les répercussions à long terme sur la biodiversité et la capacité des communautés à s’adapter aux évolutions climatiques.
Vers une résolution durable du conflit
Pour sortir de cette situation stagnante, une approche intégrée est nécessaire. Il est crucial de considérer les besoins des deux communautés. La médiation doit impliquer non seulement les autorités locales, mais aussi des organisations non gouvernementales et des acteurs internationaux. Des initiatives de dialogue intercommunautaire pourraient instaurer des règles claires sur l’accès et l’utilisation des ressources naturelles.
Des programmes de sensibilisation à la gestion durable des ressources sont également essentiels. Par exemple, des formations en agriculture durable et en élevage responsable pourraient offrir des alternatives aux Mousgoum et aux Arabes Choa, renforçant leur capacité à coexister pacifiquement tout en préservant leurs moyens de subsistance.
Il est impératif d’intégrer les enjeux climatiques dans les discussions liées à la gestion des ressources. Les changements climatiques exacerbent déjà les tensions, et une approche proactive pourrait prévenir de futurs conflits. Finalement, la résolution de ce conflit ethnique ne peut se réaliser sans une prise de conscience collective des enjeux environnementaux et sociaux sous-jacents.
