25 février 2025
Le 15 avril 2020, l’opération de l’auto-défense Maï-Maï avait lancé une prédiction glaçante qui résonne encore aujourd’hui au cœur de la scène politique congolaise. Alors que la République Démocratique du Congo se débat dans un climat de tensions et d’incertitudes, des rumeurs persistantes et des analyses d’experts évoquent désormais quatre stratégies présumées mises en œuvre par l’ancien président Joseph Kabila pour reprendre le contrôle du pouvoir.
La destitution légale : utiliser la Constitution comme arme politique

Selon cette première stratégie, Kabila envisagerait de déstabiliser le président en exercice, Felix Tshisekedi, en l’accusant de méconnaître les dispositions constitutionnelles. L’idée serait de mettre en lumière toute erreur ou imprécision dans sa gestion, conduisant ainsi à son interpellation par la Cour constitutionnelle pour haute trahison. Dans ce scénario, les juges, à l’instigation des députés proches de Kabila – affiliés à la FCC –, auraient la possibilité de présenter le président devant l’Assemblée nationale, qui, à l’instar de l’exemple du Gouverneur de Sankuru démis de ses fonctions par une assemblée provinciale, pourrait alors décider de sa destitution.
Le poison fatal : une transition par l’assassinat politique
La deuxième hypothèse est pour le moins macabre : empoisonner le système du président afin de le rendre ingouvernable pour permettre, conformément à ce que prédit la Constitution, l’ascension du président du Sénat. Cette théorie, qui évoque les sombres coulisses d’un pouvoir prêt à tout pour se maintenir, rappelle tristement que dans l’histoire politique de nombreux pays, la disparition brutale d’un dirigeant a souvent été le prélude à une réorganisation des rapports de force.
La déstabilisation urbaine : proclamer l’incapacité présidentielle
La troisième stratégie consisterait à orchestrer des troubles dans plusieurs villes du pays. L’objectif serait double : semer le chaos au cœur même de l’appareil d’État et, en parallèle, établir que le président Tshisekedi est incapable de diriger le pays. En utilisant la turbulence sociale comme levier, ses partisans pourraient alors faire valoir l’inaptitude de la Présidence, ouvrant ainsi la voie à une remise en cause de sa légitimité.
Les rebellions clandestines : élimination physique par la violence
Enfin, la dernière stratégie la plus radicale évoquerait la création de rébellions dans divers coins du territoire congolais, visant à isoler et, dans le pire des scénarios, éliminer physiquement le président. Selon ces spéculations, ce plan d’envergure traduirait l’absolue défiance de Kabila envers Tshisekedi, pour lequel il n’aurait aucune confiance quant à sa capacité à protéger le pays – ni lui-même.
Entre prophétie et réalité
Si ces prédictions ne relèvent pour l’heure que d’analyses et de rumeurs alimentées par le contexte politique houleux de la RDC, elles illustrent néanmoins une fracture profonde au sein des sphères du pouvoir. L’opération de l’auto-défense Maï-Maï, qui avait osé énoncer ces scénarios en 2020, semble aujourd’hui se retrouver au cœur d’un débat national sur les dérives potentielles d’un pouvoir qui se refuse à la défaite.
Dans un pays marqué par une histoire de transitions tumultueuses, l’emploi de moyens aussi extrêmes – qu’il s’agisse de détournements juridiques, d’actes assassins ou de la manipulation de l’ordre public – ne peut qu’inquiéter la communauté internationale ainsi que les citoyens congolais en quête de stabilité et de justice.
Les quatre axes présentés, aussi choquants soient-ils, invitent à une réflexion plus large sur la fragilité de la démocratie et sur la tentation, chez certains acteurs politiques, de privilégier la force brute ou l’instrumentalisation de la loi pour asseoir leur pouvoir. Tandis que la RDC se trouve à la croisée des chemins, le temps dira si ces scénarios deviendront réalité ou s’ils resteront relégués aux marges des conjectures politiques.