Kigali riposte et dénonce une ingérence injustifiée
Kigali – La réaction du Rwanda ne s’est pas fait attendre après l’annonce par les États-Unis de sanctions contre James Kabarebe, ministre d’État et proche conseiller du président Paul Kagame. Kigali dénonce une décision « injustifiée et sans fondement », tout en accusant la communauté internationale d’entretenir une approche partiale du conflit qui ravage l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Un bras droit de Kagame dans la tourmente

James Kabarebe, ancien chef d’état-major de l’armée rwandaise et figure influente du régime, est désormais dans le viseur de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC), qui l’accuse d’implication dans l’instabilité régionale. Pour Kigali, cette sanction s’inscrit dans une logique biaisée qui cible le Rwanda tout en ignorant les autres acteurs du conflit. »Si les sanctions pouvaient résoudre le conflit dans l’est de la RDC, la paix serait révolue dans la région depuis des décennies », souligne le communiqué officiel rwandais, qui fustige l’inaction face aux exactions commises par les forces congolaises et leurs alliés.
Un conflit aux ramifications complexes

Depuis trois ans, l’est de la RDC est en proie à une escalade de violence où s’affrontent les Forces armées congolaises (FARDC), appuyées par des groupes armés tels que la milice FDLR, des troupes burundaises et des mercenaires étrangers, selon Kigali. Le Rwanda affirme que 300 mercenaires européens ont récemment été exfiltrés vers la Roumanie via son territoire, preuve, selon lui, de l’implication d’acteurs extérieurs dans la crise.
Les sanctions, un levier inefficace ?

Kigali accuse Kinshasa de pratiquer une « politique d’extrémisme ethnique armé » et justifie ainsi son implication dans la région par un impératif de sécurité nationale. « Les Rwandais ont le droit de vivre en paix et sans la menace perpétuelle d’insécurité provenant de la RDC », insiste le communiqué.
Pour le Rwanda, les sanctions contre Kabarebe ne sont qu’un « instrument punitif » qui ne contribue en rien à la paix et à la stabilité dans les Grands Lacs. Kigali estime que ces mesures risquent au contraire de compliquer la médiation en cours, notamment celle menée par la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). »
Seule une solution africaine, portée par l’Union africaine et les organisations régionales, peut permettre de sortir de cette crise », défend le gouvernement rwandais, qui réaffirme son engagement dans les processus diplomatiques en cours.
Un conflit loin d’un dénouement

La réaction ferme de Kigali illustre une nouvelle fois la complexité du dossier. Entre accusations mutuelles, jeux d’alliances et tensions régionales, l’est de la RDC reste un foyer de crise où chaque acteur défend ses intérêts. La communauté internationale, elle, peine encore à imposer une approche équilibrée, laissant le conflit s’enliser dans un climat de défiance généralisée.
Alors que les efforts de médiation peinent à porter leurs fruits, la décision américaine de sanctionner un proche de Kagame risque d’envenimer davantage une situation déjà explosive. Reste à savoir si cette nouvelle escalade diplomatique ouvrira la voie à une réelle prise de conscience sur la nécessité d’une solution concertée et durable. https://www.rfi.fr/fr/afrique/20250220-est-de-la-rdc-washington-sanctionne-des-responsables-rwandais-et-congolais-du-m23