Inondations de 2024 : Impact sur la sécurité alimentaire au Cameroun

Une crise alimentaire exacerbée par les inondations
Les inondations survenues en septembre et octobre 2024 dans l’Extrême-Nord du Cameroun ont profondément affecté la sécurité alimentaire des populations locales. Gabriel Mbaïrobe, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, indique qu’actuellement, plus de trois millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Ce chiffre alarmant découle d’une confluence de facteurs : des conditions climatiques extrêmes, une dégradation des infrastructures agricoles et l’escalade des conflits dans certaines zones.
Les régions les plus touchées, dont le Nord, l’Extrême-Nord, l’Adamaoua, l’Est, ainsi que le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, ont vu leurs récoltes anéanties et leurs terres noyées. Les agriculteurs, qui étaient déjà dans une situation de vulnérabilité, sont aujourd’hui dans l’incapacité de cultiver. Par conséquent, la production alimentaire a connu une chute dramatique, avec des pertes évaluées à plusieurs milliers de tonnes, augmentant ainsi la dépendance à l’aide humanitaire.
Les chaînes d’approvisionnement alimentaire ont également été perturbées. L’accès aux marchés pour les produits agricoles est devenu complexe, conséquence des routes endommagées et des infrastructures de transport précarisées. Cette crise alimentaire est d’autant plus inquiétante dans un contexte où les ressources étaient déjà limitées.

Réponses humanitaires et initiatives de résilience
Pour faire face à cette crise, le Projet d’Urgence de Lutte contre la Crise Alimentaire (PULCCA), soutenu par la Banque mondiale, a été instauré. Ce programme vise à offrir une aide humanitaire d’urgence tout en renforçant la résilience des populations vulnérables. Il s’emploie à satisfaire les besoins alimentaires immédiats tout en mettant en place des stratégies à long terme pour améliorer la sécurité alimentaire dans les zones touchées.
Parmi les initiatives du PULCCA figurent la distribution de vivres, le soutien aux programmes de nutrition et la réhabilitation des infrastructures agricoles. Des semences ainsi que des outils agricoles sont fournis pour permettre aux agriculteurs de reprendre leurs activités. De surcroît, des formations sur des pratiques agricoles durables sont dispensées pour aider à faire face aux aléas climatiques.
Les acteurs humanitaires insistent sur l’importance de la collaboration entre les gouvernements locaux, les ONG et les communautés afin d’assurer une réponse efficace. D’après les experts, une approche intégrée, combinant aide immédiate et développement durable, est cruciale pour surmonter cette crise. Cela exige également un engagement accru des bailleurs de fonds et la mobilisation de ressources pour soutenir des initiatives locales.

Perspectives d’avenir et défis à relever
Les inondations de 2024 ont mis en évidence la vulnérabilité des systèmes alimentaires au Cameroun et ont suscité des interrogations sur la durabilité et la résilience des communautés face aux changements climatiques. Les experts s’accordent à reconnaître qu’il est essentiel de renforcer la capacité d’adaptation des agriculteurs. Cela implique d’améliorer la gestion des ressources en eau ainsi que de diversifier les cultures.
Par ailleurs, il est urgent d’établir une politique agricole nationale cohérente et inclusive. L’État doit investir dans des infrastructures durables et encourager des pratiques agricoles écologiques. Les partenariats entre le secteur public et privé pourraient jouer un rôle capital dans l’élaboration de solutions novatrices pour renforcer la sécurité alimentaire.
Il est également crucial d’impliquer les communautés dans les décisions relatives aux interventions humanitaires et aux programmes de développement. Leur savoir-faire local est indispensable pour concevoir des solutions adaptées à leurs besoins. La résilience face aux crises futures nécessitera leur capacité à s’organiser et à évoluer selon les défis rencontrés.
Les inondations de 2024 ont mis au jour les lacunes du système alimentaire camerounais. Quelles actions concrètes peuvent être envisagées pour prévenir de telles crises à l’avenir ? Les acteurs locaux et internationaux sont-ils réellement prêts à unir leurs forces pour bâtir un avenir plus résilient ?


