En protégeant Kigali, Paris se rend complice du chaos en RDC
Dans un climat de tensions persistantes en Afrique centrale, Bruxelles ne mâche pas ses mots. La Belgique a récemment dénoncé la position de la France sur la scène internationale, l’accusant de bloquer l’adoption des sanctions de l’Union européenne contre le Rwanda. Selon les responsables belges, Paris, en refusant de soutenir des mesures fermes à l’encontre de Kigali, entretient un double jeu dangereux qui met en lumière un soutien occulte au M23, groupe qualifié de terroriste et accusé de déstabiliser l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Un contexte géopolitique explosif

L’Est de la RDC demeure l’un des foyers d’instabilité les plus préoccupants du continent africain. Depuis plusieurs années, la région est le théâtre d’affrontements meurtriers opposant divers groupes armés, dont le tristement célèbre M23. Ce groupe, que Bruxelles pointe du doigt, est accusé d’entretenir des liens étroits avec des puissances extérieures. Les autorités belges estiment que le soutien avéré du Rwanda à ce groupe ne fait qu’alimenter le cycle de violence et de déstabilisation qui ravage la région.
L’implication du Rwanda dans ce conflit a été maintes fois évoquée par des acteurs politiques et des organisations internationales. Pourtant, alors que l’Union européenne envisageait de renforcer la pression sur Kigali en adoptant des sanctions ciblées, Paris aurait, selon Bruxelles, opposé son veto à cette initiative. Un geste interprété par certains observateurs comme une volonté délibérée de protéger les intérêts géostratégiques rwandais au détriment de la stabilité de la RDC.
Les enjeux d’un double jeu politique

À l’heure où la communauté internationale s’efforce de rétablir la paix et la sécurité dans une région meurtrie par des décennies de conflits, l’attitude française soulève de sérieuses interrogations. Comment expliquer que la France, qui se présente comme un acteur majeur du respect des droits de l’Homme et de la démocratie, semble désormais faire preuve d’une hypocrisie flagrante en s’alignant sur des régimes et des pratiques contraires à ces valeurs ?
Pour de nombreux analystes, le refus de Paris d’imposer des sanctions contre le Rwanda ne saurait être interprété comme un simple désaccord diplomatique. Il s’inscrit dans une logique plus large de préservation d’intérêts économiques et politiques, où la stabilité d’un allié stratégique prime sur l’impératif moral d’agir face aux exactions perpétrées sur le sol congolais. « La Belgique appelle à une cohérence dans la politique européenne. Il ne peut être question, à nos yeux, de fermer les yeux sur un soutien qui alimente directement un conflit meurtrier », déclare un haut responsable belge.
Réactions internationales et perspectives d’avenir

Au-delà des clivages diplomatiques, cette polémique met en lumière la difficulté de forger une politique extérieure européenne unie et efficace face aux défis du XXIe siècle. Alors que la France défend sa position en arguant de la nécessité de privilégier le dialogue et la coopération régionale, Bruxelles rappelle que « la paix ne peut s’accomplir que si les responsables de violences et d’instabilités sont tenus pour compte ».
La communauté internationale, quant à elle, observe avec inquiétude l’évolution de la situation. Plusieurs pays et organisations non gouvernementales appellent désormais à une révision de la politique extérieure européenne. Pour eux, il est urgent que les grandes puissances cessent ce double jeu et imposent au Rwanda des mesures sanctionnatoires proportionnées à ses actions en RDC. Sans une réponse forte et coordonnée, le risque est de voir s’envenimer un conflit qui menace non seulement la région, mais l’ensemble de la stabilité du continent africain.Jusqu’à quand cette hypocrisie pourra-t-elle perdurer ?
Face à la dénonciation belgo-française, la question reste lancinante : jusqu’à quand l’hypocrisie politique et le double jeu diplomatique continueront-ils de compromettre les efforts de paix en Afrique centrale ? Les voix s’élèvent pour réclamer une prise de position sans concession, où la justice et le respect des droits humains prévalent sur les intérêts géostratégiques.
Il appartient désormais aux grandes puissances et aux institutions européennes de faire preuve de lucidité et d’engager une révision en profondeur de leur politique extérieure. La Belgique, en pointant du doigt Paris, appelle à une solidarité européenne plus authentique et à une sanction ferme du Rwanda pour ses crimes en RDC. Dans un monde où les enjeux géopolitiques se mêlent aux aspirations légitimes de paix et de sécurité, il est temps de rompre avec l’impunité et d’oser le changement.
Cet article illustre la complexité des enjeux internationaux et les contradictions qui minent parfois la cohérence des politiques extérieures européennes. L’appel à une action collective et résolue reste plus que jamais d’actualité pour espérer mettre fin à un cycle de violence qui touche des millions de vies. https://www.france24.com/fr/vid%C3%A9o/20250214-rd-congo-il-faut-des-sanctions-contre-le-rwanda-selon-le-ministre-belge-des-affaires-%C3%A9trang%C3%A8res