Le Gabon entre dérives autoritaires et manipulations judiciaires
Dans une interview exclusive accordée à nos confrères de Jeune Afrique, l’ancien Président gabonais Ali Bongo Ondimba n’a pas mâché ses mots en exprimant son exaspération face à la détention de son épouse Sylvia et de leur fils aîné dans la prison de Libreville. Pour lui, cette situation inédite semble être le courroux du destin, une rétribution karmique après 14 années de gouvernance où sourde oreille et laxisme se sont succédé.
Au fil de son long mandat, Ali Bongo Ondimba a souvent fait fi de la critique et n’a pas hésité à recourir aux méthodes répressives pour museler ses opposants. Nul doute que l’incarcération de figures telles que Jean Rémy Yama, Bertrand Zibi ou encore Landry Amiang illustre une politique de la peur où la justice se mue en instrument de pouvoir. Une posture qui, aujourd’hui, semble lui revenir en pleine face.

Paradoxalement, alors que l’ancien chef d’État multiplie les sorties médiatiques aujourd’hui, il est resté étrangement silencieux hier face aux fausses accusations et au traitement infligé à Brice Laccruche Aliangha, son ex-directeur de cabinet, dont l’engagement avait jadis insufflé une dynamique positive au cœur des populations, alors même que Bongo Ondimba se trouvait en période de convalescence et d’inaptitude. Ce mutisme, jugé par beaucoup comme un aveu tacite, renforce le sentiment d’ingratitude ambiante.
Il est d’autant plus ironique de constater que ce sont aujourd’hui son épouse Sylvia et leur fils, incarcérés pour avoir manipulé la justice, qui semblent tenir les rênes du pouvoir en coulisses. Comment se fait-il, se demande-t-on, qu’un homme ayant lui-même orchestré l’emprisonnement de ceux qui osaient lui opposer leur dissidence se retrouve, en un retournement de situation quasi inéluctable, à défendre des comportements qu’il avait jadis imposés aux autres ?

De 2019 à 2023, nombreux sont ceux qui témoignent d’une gestion parallèle du Gabon, menée en toute impunité sous le regard passif d’un ex-président désormais condamné par le cours des événements. Ali Bongo Ondimba tente de dédouaner sa famille en évoquant des manipulations externes, mais les faits semblent indiquer qu’ils ont, eux aussi, joué un rôle déterminant dans la transformation du paysage politique gabonais.
Face à ces révélations, l’opinion publique reste partagée entre nostalgie d’une époque révolue et une vive contestation des dérives autoritaires qui ont longtemps marqué le régime. Le destin du Gabon semble aujourd’hui intimement lié à la remise en question de pratiques politiques qui, autrefois, faisaient fi de toute équité.

Si le karma politique s’avère implacable, il pourrait bien inaugurer une nouvelle ère où justice et responsabilité redeviendront les piliers d’un système en quête de renouveau. Le chemin reste encore long, mais ces derniers événements pourraient marquer le début d’une profonde transformation dans l’arène politique gabonaise. https://www.jeuneafrique.com/1659226/politique/jen-ai-marre-rencontre-exclusive-avec-ali-bongo-le-reclus-de-libreville/