Difficultés des exportateurs de cacao en Côte d’Ivoire

Contexte du marché du cacao
Le marché mondial du cacao traverse une période de turbulence. Des décisions stratégiques prises par des géants comme Barry Callebaut et Olam exacerbent la situation. Barry Callebaut, acteur majeur de l’industrie, a récemment interrompu ses achats en Côte d’Ivoire, un pays clé dans la production mondiale de cacao. Cette décision affecte directement les exportateurs locaux, souvent dépendants de cet acheteur pour une part significative de leurs ventes.
De son côté, Olam a annoncé qu’il suspendrait ses achats jusqu’en janvier 2025. Ce retrait crée un vide sur le marché et laisse les exportateurs dans une position précaire. En effet, ils doivent acquérir entre 30 000 et 45 000 tonnes de cacao pour honorer leurs engagements envers Barry Callebaut, mais rencontrent d’importants obstacles financiers.
Les exportateurs se retrouvent ainsi confrontés à un dilemme : comment acquérir le cacao nécessaire sans compromettre leur viabilité financière ? Cette situation met en lumière les fragilités d’une chaîne d’approvisionnement déjà sous pression.

Les enjeux financiers des exportateurs
Les exportateurs de cacao font face à un défi de taille dû aux prix fixés par le Conseil Café Cacao (CCC). Actuellement, le prix garanti est de 1915 Fcfa/kg, alors que les fournisseurs demandent entre 2100 et 2200 Fcfa/kg. Cette disparité engendre un gouffre financier. Les exportateurs doivent naviguer entre le surpaiement pour garantir leurs approvisionnements ou le risque de ne pas respecter leurs contrats.
Ce choix devient d’autant plus pressant dans un contexte où les marges bénéficiaires sont déjà minces. Surpayer risque d’entraîner des pertes insoutenables. En revanche, respecter le prix du CCC pourrait générer une pénurie de cacao, nuisant à leur réputation et à leur position sur le marché.
Face à ce dilemme, les exportateurs ont sollicité l’intervention du CCC. Ils demandent soit une révision des prix, soit une redistribution des contrats d’exportation de Barry Callebaut à d’autres acheteurs prêts à payer davantage. Cette requête souligne l’urgence de la situation et l’impératif d’une action rapide pour éviter une crise plus profonde.

Conséquences à long terme et perspectives d’avenir
Les répercussions de cette crise dépassent les défis immédiats. À long terme, l’arrêt des achats par Barry Callebaut et la situation difficile d’Olam pourraient affecter l’ensemble de l’industrie du cacao en Côte d’Ivoire. La dépendance à quelques grands acheteurs rend le marché vulnérable aux fluctuations des décisions stratégiques.
Cette situation peut également inciter les producteurs à diversifier leurs débouchés, cherchant à établir des relations avec d’autres acheteurs pour réduire leur dépendance. Cependant, cette approche requiert du temps et des ressources, un luxe que tous les producteurs n’ont pas.
Enfin, la crise actuelle soulève des interrogations sur la durabilité de l’industrie du cacao. Les producteurs doivent-ils continuer à compter sur les prix garantis par des organismes comme le CCC, ou est-il temps de repenser le modèle économique pour assurer des rémunérations équitables et durables ? Les acteurs du secteur doivent aborder ces enjeux pour construire un avenir plus résilient.