Pour de nombreux jeunes Congolais, une page essentielle de l’histoire nationale reste méconnue. Alors que l’ère moderne avance, la mémoire des héros de jadis, qui ont porté le flambeau de la résistance contre des agressions extérieures, tend à s’effacer.
En 1996, au cœur de l’AFDL dirigé par Mzee Kabila, un vent de nostalgie et de stratégie se faisait sentir dans chaque cité et localité congolaises. Partout où les troupes arrivaient, Mzee Kabila lançait un appel vibrant à ses anciens compagnons de lutte datant de 1965. Parmi ces figures légendaires se trouvait Ernest Mukuku, un vieux Fuliru des montagnes de Mulenge, dont l’expérience acquise aux côtés des mulelistes formés à Moscou faisait de lui un atout précieux. Malgré ses 70 ans, ce vétéran incarnait la rigueur et la sagesse d’un passé où le sacrifice et l’expertise militaire étaient synonymes de survie nationale.
Une Quête pour le Leadership Expérimenté

Loin d’être isolé dans sa recherche, Mzee Kabila faisait également appel à d’autres figures de la résistance, dont les noms résonnent encore aujourd’hui dans les mémoires de ceux qui se rappellent les combats acharnés contre la coalition rwandaise, ougandaise, burundaise et leurs alliés. Parmi eux figuraient le Général Bidalira, le Général Ruharara, le Général Dunia, le Général Lwetcha, le Colonel Kayamba et bien d’autres. Ces anciens combattants, dont l’expérience se mesurait autant en années qu’en batailles, avaient forgé leur légende sur le terrain, repoussant l’agression ennemie jusqu’au dernier souffle.
Un Autre Visage de la Résistance : Les ANKOMOGE
Pendant ce temps, de l’autre côté des frontières, le président rwandais Paul Kagame n’en restait pas moins conscient de la valeur inestimable de l’expérience militaire. Entre 1996 et 2003, il fit appel à d’anciens officiers, surnommés les ANKOMOGE, pour mener une guerre où les nouvelles recrues peinaient à trouver leur place sur le champ de bataille. Dans un contexte de conflit où l’efficience était primordiale, ces vétérans apportaient un savoir-faire et une discipline que seule l’expérience pouvait offrir.
La Résistance dans le Sud-Kivu : Un Héritage Inaltérable

Plus au sud, dans les territoires de Fizi et Uvira, les vestiges d’un passé tumultueux se retrouvaient incarnés par les mêmes figures emblématiques. Dans la province du Sud-Kivu, les officiers qui avaient organisé la résistance face à l’agression combinée rwandaise, ougandaise et burundaise étaient majoritairement issus de cette génération d’hommes d’exception. Le Général Bidalira, le Colonel Kayamba, le Général Dunia, le Général Ruharara, le Colonel Kihumbi, le Major Bucherezi, et d’autres encore, avaient su unir leurs forces pour défendre leur patrie.
Un Destin Tragique et un Avenir Inquiétant
Selon certaines analyses, ces vétérans de la résistance Maï-Maï, porteurs d’un savoir militaire indispensable, furent ciblés et éliminés par des forces associant Joseph Kabila et le régime rwandais. Ce choix, selon les observateurs, serait motivé par la crainte que ces anciens combattants puissent, un jour, insuffler aux jeunes générations les valeurs et les techniques nécessaires pour contrer toute future agression. Ainsi, l’opération d’auto-défense Maï-Maï se présente comme un épisode sombre où le passé, pour certains, fut sacrifié au nom d’intérêts politiques et stratégiques.
Réveiller la Mémoire pour Forger l’AvenirAujourd’hui, alors que le Congo continue de tracer sa voie dans un contexte géopolitique complexe, il apparaît indispensable de redonner à ces héros leur place dans la mémoire collective. Pour la jeunesse congolaise, se familiariser avec le récit de ces anciens combattants, véritables gardiens d’un savoir et d’un esprit de résistance, est essentiel. Car au-delà des conflits et des rivalités, se cache une vérité simple : la force d’un pays se mesure aussi à sa capacité de transmettre et d’honorer le legs de ceux qui ont lutté pour sa survie.