Défis de l’eau au Cameroun durant l’AAEA

Contexte de la gestion des ressources en eau
Le Cameroun, riche de ses nombreuses ressources hydriques, fait face à des défis considérables en matière d’infrastructure et de gestion de l’eau. Avec une superficie de 475 442 km², le pays est traversé par des fleuves et lacs essentiels. Pourtant, une répartition inégale et une gestion inefficace de ces ressources engendrent de graves problèmes. En tant que président de l’Association Africaine des Eaux et de l’Assainissement (AAEA), le Cameroun doit non seulement surmonter ces obstacles, mais aussi servir de modèle pour les autres nations africaines.
Historiquement, la gestion de l’eau au Cameroun a souffert d’une approche fragmentée. Les différentes agences gouvernementales fonctionnent souvent de manière isolée, créant une coordination insuffisante. Cela nuit à l’application de politiques efficaces. Parallèlement, le changement climatique accentue la rareté de l’eau et menace les écosystèmes aquatiques du pays.
Ce constat est d’autant plus préoccupant que l’accès à l’eau potable est un droit fondamental. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 30 % de la population n’a pas accès à une source d’eau potable améliorée. Ce chiffre met en lumière l’urgence d’une réforme en profondeur dans la gestion des ressources en eau.

Infrastructure insuffisante et vieillissante
Parmi les principaux défis, l’état de l’infrastructure hydrique est alarmant. De nombreuses installations de traitement et de distribution sont obsolètes et mal entretenues. À Douala et Yaoundé, par exemple, les réseaux souffrent de fuites importantes, entraînant des pertes d’eau allant jusqu’à 40 %. Cela nuit à l’approvisionnement et accroît les coûts pour les consommateurs.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement a lancé plusieurs projets d’infrastructure. Cependant, ceux-ci sont souvent ralentis par des problèmes de financement et de gestion. Les partenariats public-privé (PPP) pourraient représenter une solution, mais nécessitent une volonté politique forte et une transparence accrue pour attirer des investisseurs.
Le développement d’infrastructures résistantes aux changements climatiques est également essentiel. Les experts recommandent d’intégrer des solutions basées sur la nature, telles que la restauration des écosystèmes aquatiques, pour améliorer la gestion des ressources en eau et soutenir la biodiversité.

Gestion intégrée des ressources en eau
La gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) est une approche prometteuse pour le Cameroun. Elle vise à coordonner l’utilisation de l’eau, des terres, et des ressources connexes, maximisant ainsi les bénéfices économiques tout en préservant l’environnement. Toutefois, pour être efficace, elle requiert une collaboration entre différents niveaux de gouvernement, les collectivités et le secteur privé.
Des initiatives comme le Programme National d’Approvisionnement en Eau Potable et d’Assainissement (PNAEPA) visent à améliorer l’accès à l’eau potable. Cependant, ces programmes doivent s’accompagner d’une sensibilisation accrue sur l’importance de la conservation des ressources aquatiques.
Les questions de gouvernance sont également cruciales. La corruption et le manque de transparence dans la gestion des ressources en eau peuvent freiner le développement. Des mécanismes de reddition de comptes sont nécessaires pour assurer une utilisation équitable et durable des ressources.
Perspectives d’avenir et enjeux globaux
Alors que le Cameroun s’apprête à prendre la présidence de l’AAEA, il est impératif d’adopter une vision audacieuse pour gérer ses ressources en eau. Cela inclut non seulement l’amélioration des infrastructures, mais aussi l’engagement vers des pratiques durables et inclusives. Les échanges au sein de l’AAEA peuvent offrir une plateforme pour partager des meilleures pratiques en matière de gestion de l’eau à travers le continent.
Les enjeux liés à l’eau sont intrinsèquement connectés à d’autres défis globaux, tels que la sécurité alimentaire et la santé publique. Investir dans des systèmes de gestion de l’eau efficaces n’améliorera pas seulement la qualité de vie des citoyens, mais contribuera également à la stabilité régionale. La coopération régionale apparaît essentielle pour surmonter les défis transfrontaliers.
En somme, la présidence de l’AAEA représente une opportunité unique pour le Cameroun de redéfinir sa stratégie face à la gestion des ressources en eau. Les décisions d’aujourd’hui auront des conséquences sur les générations futures. Comment le Cameroun peut-il mobiliser les ressources nécessaires pour faire face à ces défis ? Quelles leçons peut-il tirer d’autres pays pour garantir un avenir durable en matière d’eau ? Ces questions méritent une attention particulière.