La jeunesse camerounaise face au chômage et à la pauvreté

Un contexte économique alarmant
Le Cameroun, ce joyau d’Afrique centrale, traverse une crise économique qui touche de plein fouet sa jeunesse. Un taux de chômage dépassant les 74 % révèle une réalité inquiétante : les jeunes, représentant plus de 75 % de la population, se retrouvent piégés dans un labyrinthe d’incertitudes. Ce chiffre alarmant témoigne d’une économie en souffrance, où les opportunités d’emploi se font aussi rares qu’une goutte d’eau dans le désert.
La pauvreté s’invite à cette triste réalité, atteignant près de 38,5 % de la population. Les jeunes, en quête de sécurité financière, sont souvent contraints de se tourner vers des emplois précaires, mal rémunérés et éphémères. Face à cette précarité, beaucoup envisagent l’émigration comme une échappatoire, espérant trouver de meilleures conditions de vie à l’étranger, notamment au Canada. Le flux d’émigration a d’ailleurs considérablement augmenté ces dernières années, reflétant un désespoir grandissant.
Parmi les témoignages des jeunes qui ont tenté l’aventure à l’étranger, un désir ardent d’échapper à un quotidien difficile émerge. Pourtant, ce périple vers une vie meilleure s’accompagne souvent de nombreux obstacles. Beaucoup se retrouvent piégés dans des situations d’exploitation ou de précarité, laissant entrevoir un cercle vicieux où chômage et pauvreté nourrissent des choix risqués.

Exploitation politique et vulnérabilité
Dans cette atmosphère de désespoir économique, la jeunesse se présente comme une cible privilégiée pour les politiciens. Le Dr Chuo Walter, analyste sociopolitique, souligne dans l’émission “Grand Débat” sur CAM 10 Tv que cette jeunesse est souvent traitée comme du « bétail électoral ». Conscients de sa vulnérabilité, les politiciens exploitent les jeunes pour servir leurs propres intérêts, les poussant à s’engager sans réelle conscience des véritables enjeux.
Un exemple révélateur est la proposition de Benoît Feudjeu, membre du RDPC. Il a suggéré que 100 000 jeunes cotisent 300 FCFA chacun pour la caution de Paul Biya lors de l’élection présidentielle. Même si ce geste semble symbolique, il met en lumière la manière dont les jeunes sont mobilisés pour soutenir des figures politiques, souvent à leur propre détriment. Bruno Bidjang a fait remarquer que pour nombre de ces jeunes, 300 FCFA représentent une part significative de leurs ressources, accentuant leur vulnérabilité à l’exploitation.
Cette dynamique crée un environnement où, au lieu de revendiquer leurs droits et d’œuvrer pour des actions constructives, les jeunes se retrouvent enlisés dans des manigances politiques qui ne leur profitent guère. Ils deviennent ainsi des outils au service d’intérêts qui ne sont pas les leurs, renforçant un sentiment d’impuissance face à un système qui les marginalise davantage.

Conséquences sur l’avenir de la jeunesse
Les répercussions de cette exploitation sont profondes et inquiétantes. La jeunesse camerounaise, déjà fragilisée par un chômage élevé et une pauvreté croissante, subit des effets tant économiques que psychologiques. Le sentiment d’abandon et de désespoir engendrerait une désillusion généralisée envers les institutions politiques et la société. Ce constat pourrait mener à l’émergence d’une génération désengagée, méfiante et en quête de solutions radicales.
Les inégalités au sein du système éducatif et professionnel, comme le souligne le Collectif des titulaires du Doctorat/Ph.D du Grand-Nord, aggravent encore cette crise. Ces jeunes diplômés, qui devraient être les piliers du développement, sont souvent exclus des opportunités en raison de pratiques injustes et d’un manque de transparence lors des recrutements.
Face à ces défis, il est impératif que les acteurs politiques et la société civile prennent conscience de la nécessité d’investir dans l’avenir de la jeunesse. Des politiques publiques orientées vers la création d’emplois et l’amélioration des conditions de vie sont essentielles. Celles-ci permettraient de briser le cycle d’exploitation, redonnant ainsi espoir à une génération en quête de dignité et de reconnaissance.
La situation actuelle de la jeunesse camerounaise pose des questions vitales : comment cette frange de la population peut-elle revendiquer sa place dans la société ? Quelles mesures doivent être mises en œuvre pour les protéger de l’exploitation politique ? L’avenir du Cameroun dépend en grande partie de la capacité de ses jeunes à s’organiser et à faire entendre leur voix dans un système souvent indifférent à leurs besoins.