Entrepreneuriat des jeunes en Côte d’Ivoire : enjeux et perspectives

Un écosystème en pleine évolution
La Côte d’Ivoire, avec sa croissance économique vigoureuse, s’impose comme un terreau fertile pour la créativité des jeunes entrepreneurs. Ce marché, en constant renouvellement, witnessing une diversification impressionnante, allant des secteurs agricoles aux technologies de pointe. Lors de la récente « Journée de l’entrepreneur », célébrée le 13 février 2025 à Aboisso dans le cadre du festival Agnintiè, des initiatives ont été mises en avant. Divers organismes comme l’Agence emploi jeunes et le Centre d’incubation rurale d’agroécologie ont présenté des mesures allouées à l’insertion professionnelle, témoignant d’un engagement palpable envers l’autonomisation des jeunes.
Dr Aka Aouélé, président du conseil régional du Sud-Comoé, a souligné la nécessité d’un changement de mentalité, exhortant les jeunes à embrasser l’auto-emploi au lieu de rechercher uniquement des postes salarié. Cette transition vers l’auto-emploi apparaît cruciale dans un contexte où le marché formel montre des signes d’engorgement face au flux des diplômés. Environ 600 jeunes ont d’ores et déjà tiré profit des systèmes d’épargne orchestrés par des Associations de valorisation de l’entraide communautaire, mettant en évidence un soutien tangible à l’entrepreneuriat.
Les récits inspirants de jeunes comme Lattroh Yedoh Nomel, qui a reçu un financement attractif de 52 millions de FCFA pour développer une culture maraîchère hors sol, illustrent le chemin qui s’ouvre à cette jeunesse dynamique. Nomel a construit des serres et embauché des travailleurs, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire nationale. Ces réussites éclairent les perspectives dorées qui attendent les jeunes entrepreneurs dans une période de transformation.»

Les barrières à franchir
Pourtant, ces opportunités ne se présentent pas sans défis. La jeunesse ivoirienne fait face à des obstacles considérables, freinant son élan entrepreneurial. Lors d’une visite dans la région des Grands Ponts, Mamadou Touré, ministre de la Promotion de la Jeunesse, a entendu les frustrations des jeunes. La complexité des démarches administratives pour soumettre des dossiers auprès de l’Agence Emploi Jeunes (AEJ) a été particulièrement mise en avant. Cette bureaucratie lourde peut dissuader les entrepreneurs en herbe, empêchant l’émergence de projets prometteurs.
De surcroît, l’accès au financement constitue un défi majeur. Bien que des mesures soient établies, beaucoup de jeunes peine à mobiliser les fonds essentiels pour leurs projets. Les témoignages d’Abdoul Kader Bamba et Ghislain Boutchué, ayant chacun obtenu 1 million de FCFA, démontrent que même des sommes modestes peuvent être déterminantes. Toutefois, cela demeure encore insuffisant pour la majorité. Les jeunes aspirants entrepreneurs soulignent aussi la nécessité de formations adéquates, essentielles pour naviguer dans un marché en perpétuelle évolution.
Le ministre a encouragé les jeunes à se former, mentionnant des initiatives comme la ferme école de volailles à Azaguié. Mais à quel prix ? Comment rendre ces formations accessibles tout en répondant aux besoins réels des jeunes ? Une approche plus inclusive et concrète est impérative pour surmonter ces entraves.

Vers une autonomisation durable
Pour que la jeunesse ivoirienne puisse pleinement embrasser les opportunités qu’offre l’entrepreneuriat, il est impératif d’intensifier les dispositifs d’insertion professionnelle. Le Programme Jeunesse du gouvernement (PJGOUV), lancé en 2023, a déjà permis à 5368 jeunes d’accéder à des financements totalisant 1,793 milliard de FCFA. Bien que ces chiffres avancent un engagement officiel notable, il est crucial d’évaluer l’impact réel de ces initiatives sur le terrain.
Les histoires de réussite, telles que celle de Samantha Kpan Louho, qui a mis sur pied un couvoir de poussins avec un soutien financier de 43 millions de FCFA, et d’Offo Akoua Evelyne, ayant fait émerger une entreprise de couture, confirment que le succès est à portée de main. Cependant, ces récits de réussite ne doivent pas éclipser la nécessité d’un soutien continu pour assurer une autonomisation véritable. Cela implique de favoriser non seulement des financements, mais aussi un accompagnement technique et une mise en réseau efficace.
En définitive, la jeunesse ivoirienne se tient à un carrefour. Les voies de l’entrepreneuriat se multiplient, tout comme les défis à surmonter. Comment le gouvernement et les acteurs privés peuvent-ils collaborer pour créer un environnement propice à l’épanouissement des jeunes entrepreneurs ? Quels dispositifs pratiques peuvent être déployés pour améliorer l’accès au financement et à la formation ? Ces interrogations méritent une attention urgente pour assurer un avenir radieux à la jeunesse productive de Côte d’Ivoire.