Perspectives de développement durable au Cameroun

Contexte économique et social actuel
Le Cameroun, riche de ses ressources naturelles et d’une population dynamique, se confronte à de redoutables défis économiques. Un rapport récent de la Banque mondiale, daté de février 2025, révèle un progrès économique lent. En effet, le revenu par habitant n’a pas dépassé les niveaux des années 1980. Cette stagnation est le résultat d’une gouvernance fragile, de conflits internes persistants, d’une insécurité chronique et des impacts du changement climatique. Ces éléments ont considérablement restreint les ressources publiques et accru le risque de surendettement.
La situation est aggravée par un faible taux d’épargne et d’investissement, avec un ratio impôts sur PIB de seulement 11,3 %. De plus, 73 % des recettes fiscales non pétrolières proviennent d’à peine 0,5 % des entreprises, soulignant l’urgence d’une réforme budgétaire significative. Les dépenses publiques dans des secteurs vitaux comme l’éducation et la santé sont alarmantes, examinant à peine 5 % du PIB, ce qui contraint les citoyens à couvrir plus de 70 % de leurs coûts de santé de leur propre poche.
Ce climat économique difficile est encore assombri par des conflits internes, notamment dans les régions anglophones, où des tensions entre le gouvernement et des groupes séparatistes alimentent une crise humanitaire. Ces conflits non seulement dégradent la situation économique mais freinent également les efforts de développement durable en détournant des ressources vers des dépenses militaires et sécuritaires.

Réformes nécessaires pour un développement durable
Pour permettre au Cameroun d’atteindre le développement durable, des réformes structurelles sont indispensables. La Banque mondiale appelle à élargir l’assiette fiscale et à améliorer la conformité fiscale, un changement qui pourrait accroître les recettes de 6 % du PIB. Cela demande une volonté politique forte et une gouvernance transparente, essentielles pour restaurer la confiance des citoyens dans le système fiscal.
De plus, il est impératif de recentrer la gestion des dépenses publiques sur des investissements à fort impact. En économisant jusqu’à 3 % du PIB par an, le gouvernement pourrait rediriger une partie significative de ces fonds vers l’éducation et la santé, secteurs cruciaux pour briser le cycle de la pauvreté. La Revue des finances publiques souligne l’urgence d’augmenter les investissements dans le capital humain ; une population instruite et en bonne santé est la clé d’un avenir durable.
La décentralisation budgétaire constitue un autre enjeu majeur. Actuellement, les collectivités territoriales ne reçoivent que 3 % du budget national, entravant leur capacité à répondre aux besoins locaux. Renforcer les systèmes budgétaires locaux et autonomiser les communautés dans leur développement permettra au Cameroun de mieux s’attaquer aux défis spécifiques de chaque région, en particulier celles marquées par des conflits.

Vers une économie à revenu intermédiaire
Les perspectives de développement durable au Cameroun sont intimement liées à sa capacité à surmonter des défis politiques et sociaux. En renforçant une gouvernance efficace et en mettant en œuvre des réformes budgétaires, le pays a l’opportunité de transformer ses obstacles en leviers. L’ambition est de devenir une économie à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, un objectif qui réclame des efforts concertés de la part du gouvernement, des acteurs privés et de la société civile.
Les investissements dans les infrastructures, l’éducation et la santé sont cruciaux pour établir un climat favorable à la croissance économique. En outre, il est vital de favoriser la paix et la réconciliation dans les zones touchées par des conflits. Des initiatives de dialogue et de médiation doivent être instaurées afin de résoudre les tensions et installer un climat de confiance.
En conclusion, le développement durable au Cameroun dépendra de la capacité à surmonter les défis internes et à opérer des réformes audacieuses. La question reste ouverte : le Cameroun saura-t-il tirer parti de cette opportunité pour transformer ses défis en moteurs de croissance et de prospérité pour tous ?