Kinshasa, le [date] – La tension diplomatique entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ne faiblit pas. Le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, a opposé une fin de non-recevoir à son invitation à la 3ᵉ conférence annuelle de la Cour de justice de l’Afrique de l’Est, prévue à Kigali du 18 au 19 février 2025.
Dans une correspondance officielle adressée au président de la Cour, le ministre congolais justifie son absence par l’agression militaire persistante du Rwanda contre la RDC. Selon des sources bien introduites au ministère de la Justice, Kinshasa considère la présence d’un haut représentant congolais sur le sol rwandais comme une incohérence politique et diplomatique majeure, alors que des milliers de civils continuent de payer le prix du conflit à l’Est du pays.
Un rejet catégorique en guise de position politique

« Le Rwanda ne peut se poser en acteur de la justice africaine alors qu’il sème la mort et le chaos en RDC », a confié un proche du ministre sous couvert d’anonymat. Cette déclaration illustre la radicalisation du discours congolais face à Kigali, que Kinshasa accuse d’armer et de soutenir les rebelles du M23, responsables de multiples exactions dans l’Est de la RDC.
Cette prise de position de Constant Mutamba intervient dans un climat de relations extrêmement tendues entre les deux nations. Malgré plusieurs initiatives diplomatiques, y compris la médiation régionale et les appels à un dialogue direct, la situation sur le terrain reste explosive, avec des affrontements réguliers entre l’armée congolaise et les groupes rebelles.
Un signal fort envoyé à la communauté internationale

Le refus du ministre congolais de se rendre à Kigali envoie un message clair : la RDC refuse de normaliser ses relations avec le Rwanda tant que l’agression militaire perdure. Cette posture s’aligne avec les décisions récentes de Kinshasa, notamment le renforcement de la coopération sécuritaire avec des puissances étrangères comme la Russie et la Chine, ainsi que le déploiement de forces régionales alternatives à celles de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), jugées inefficaces voire complices.
Un isolement diplomatique croissant pour Kigali ?

Si le Rwanda reste un acteur clé dans la sous-région, son rôle dans l’instabilité à l’Est de la RDC lui vaut de plus en plus de critiques sur la scène internationale. Plusieurs pays africains et occidentaux, tout en restant prudents, durcissent le ton contre Kigali. En décembre dernier, l’Union européenne et les États-Unis ont suspendu une partie de leur aide militaire au Rwanda, exigeant la cessation immédiate de tout soutien aux groupes armés en RDC.
La décision de Constant Mutamba de boycotter la conférence de Kigali n’est donc pas un simple refus diplomatique, mais un acte politique fort, qui s’inscrit dans une stratégie plus large de fermeté de la RDC face à son voisin.Alors que la guerre de l’Est continue de faire rage, le fossé entre Kinshasa et Kigali semble plus profond que jamais.