Un tournant stratégique dans la course à la présidence ivoirienne
Abidjan, 7 février 2025 – Par Prince Bertoua
Dans un geste aussi symbolique que stratégique, Tidjane Thiam, candidat déclaré à l’élection présidentielle ivoirienne de 2025 et figure de l’opposition à Alassane Ouattara, a officiellement renoncé à sa nationalité française. Une décision qui s’inscrit dans un contexte politique bouillonnant, où chaque mouvement est scruté à la loupe.
Un choix politique assumé

L’annonce a été faite par l’entourage du candidat ce matin, précisant que Tidjane Thiam, ancien patron du Crédit Suisse et leader du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), a entamé les démarches administratives nécessaires pour abandonner sa nationalité française. Si cette décision surprend certains observateurs, elle s’inscrit dans une logique de clarification politique à l’approche du scrutin présidentiel.
« Je suis et j’ai toujours été profondément attaché à la Côte d’Ivoire, mon pays de naissance et de cœur. Ce choix s’inscrit dans une volonté de cohérence avec mon engagement pour un avenir souverain et prospère pour notre nation », aurait déclaré Thiam lors d’une réunion avec ses proches collaborateurs.
Un enjeu de légitimité nationale

Cette renonciation met fin à une polémique récurrente autour de sa double nationalité, souvent exploitée par ses détracteurs. Dans un pays où la question de l’ivoirité a marqué l’histoire politique récente, Thiam cherche ainsi à dissiper toute ambiguïté sur son ancrage national.
Ses adversaires, notamment au sein du RHDP au pouvoir, n’ont cessé de pointer du doigt son long exil en Europe et son passeport français, insinuant qu’il était déconnecté des réalités ivoiriennes. En mettant fin à cette dualité, Thiam s’aligne sur les exigences d’une frange de l’électorat qui considère que le futur président doit être uniquement ivoirien.
Un positionnement face au régime Ouattara

Cette annonce intervient alors que la tension monte autour de l’échéance de 2025. Après la disparition d’Henri Konan Bédié, Thiam a su s’imposer comme le nouvel homme fort du PDCI, face à un pouvoir RHDP bien installé. En renonçant à sa nationalité française, il semble vouloir se présenter comme l’homme du changement face à un régime qui a gouverné sans partage depuis plus d’une décennie.
Si ce choix pourrait rassurer certains électeurs, reste à savoir s’il suffira à fédérer une opposition encore divisée. En interne, certains cadres du PDCI et de l’opposition jugent que la bataille pour le pouvoir ne se jouera pas sur les considérations symboliques, mais sur la capacité de Thiam à proposer un programme crédible et à rassembler un large front anti-Ouattara.
Un précédent dans l’histoire politique ivoirienne

Tidjane Thiam n’est pas le premier homme politique ivoirien à renoncer à une nationalité étrangère pour renforcer sa légitimité. Avant lui, Laurent Gbagbo avait souvent joué sur son ancrage national face à ses adversaires qu’il qualifiait de « candidats de l’étranger ».
Reste à voir si cette décision aura un impact réel sur la dynamique électorale. Pour ses partisans, elle marque un tournant majeur et témoigne de son engagement total pour la Côte d’Ivoire. Pour ses opposants, elle n’est qu’un coup de communication visant à masquer un déficit d’ancrage local.
Une chose est sûre : en abandonnant sa nationalité française, Tidjane Thiam fait un pari audacieux et pose une nouvelle pièce sur l’échiquier complexe de la présidentielle ivoirienne de 2025. https://www.rfi.fr/fr/afrique/20250208-c%C3%B4te-d-ivoire-tidjane-thiam-renonce-%C3%A0-sa-nationalit%C3%A9-fran%C3%A7aise-pour-se-pr%C3%A9senter-%C3%A0-la-pr%C3%A9sidentielle


