Défis économiques du Cameroun : ressources naturelles et gouvernance

Une richesse naturelle sous-exploitée
Le Cameroun, riche en ressources naturelles, est souvent considéré comme un pays avec un potentiel économique majeur. En 2024, la production de diamants a atteint un sommet, avec 6219,8 carats et des revenus de 119,841 millions de FCFA. Toutefois, cette réussite masque des réalités plus sombres. Une partie significative de la production ne parvient pas aux circuits officiels, privant l’État de recettes fiscales cruciales. Par exemple, en 2019, sur 1595 carats extraits, seuls 654 ont été légalement exportés, illustrant la problématique de l’exploitation informelle.
Cette situation soulève des questions essentielles sur la gestion des ressources naturelles. La Banque mondiale note que le Cameroun est confronté à des défis économiques importants, notamment un revenu par habitant en déclin depuis les années 80. L’inefficacité de la gouvernance, les conflits internes et l’insécurité aggravent cette dynamique, entraînant une érosion des ressources publiques. Des mécanismes de contrôle et de régulation devraient être renforcés pour tirer pleinement parti des richesses minérales du pays.
Pour transformer ces défis en atouts, des réformes audacieuses sont cruciales. Cela inclut la lutte contre l’exploitation informelle, un obstacle majeur à l’augmentation des recettes fiscales. En l’absence d’une régulation adéquate, le Cameroun pourrait continuer à rater des occasions de croissance économique.

Une gouvernance en crise
La gouvernance au Cameroun est fréquemment critiquée pour son opacité et son inefficacité. Le dernier rapport de la Banque mondiale souligne la nécessité d’une réforme budgétaire exhaustive afin d’élargir l’assiette fiscale et d’optimiser la gestion des dépenses. Actuellement, le ratio impôts sur PIB se limite à 11,3 %, un niveau préoccupant comparé à des pays tels que la Côte d’Ivoire ou le Ghana.
Par ailleurs, il est révélateur que 73 % des recettes fiscales non pétrolières proviennent de seulement 0,5 % des entreprises. Cette concentration des revenus fiscaux expose le pays à une vulnérabilité accrue face aux fluctuations économiques et restreint sa capacité à investir dans des secteurs vitaux comme l’éducation et la santé. Les dépenses publiques allouées à ces domaines ne représentent même pas 5 % du PIB, imposant un lourd fardeau aux citoyens.
Les tensions politiques, telles que celles engendrées par l’affaire opposant Cabral Libii et Robert Kona, compliquent davantage la gouvernance. Les appels à renationaliser le secteur énergétique illustrent une volonté de réformer un système jugé défaillant. Cependant, pour que ces réformes se concrétisent, il faut une forte volonté politique et des ressources mobilisées de manière efficace.

Conséquences sociales et économiques
Les défis économiques liés à la gestion des ressources naturelles et à l’inefficacité de la gouvernance ont des répercussions directes sur le peuple camerounais. À Yaoundé, par exemple, les efforts d’assainissement peuvent aggraver les conditions de vie des plus vulnérables. La crise économique en Afrique Centrale, renforcée par la dépendance aux hydrocarbures, fragilise davantage les budgets des États membres de la CEMAC.
Le FMI a récemment approuvé un décaissement de 75 milliards de FCFA pour le Cameroun, reconnu pour ses avancées en matière de gestion des finances publiques. Toutefois, il appelle à une révision des incitations fiscales accordées aux investisseurs. Ceci met en exergue l’urgence d’une réforme économique qui doit aller au-delà de solutions temporaires, visant une transformation structurelle de l’économie camerounaise.
Pour relever ces défis, le Cameroun doit initier des réformes ambitieuses qui transforment les écueils budgétaires en opportunités de développement. Cela exige non seulement une meilleure gestion des ressources naturelles, mais aussi une gouvernance plus transparente et inclusive, répondant aux attentes des citoyens. Les interrogations subsistent : comment le Cameroun peut-il mobiliser ses ressources pour un véritable développement durable ? Quelles réformes sont indispensables pour assurer une juste répartition des richesses ?