Bukavu, RDC – La situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) continue de se dégrader. Mercredi, les rebelles du M23, appuyés par des troupes rwandaises selon Kinshasa, ont lancé une nouvelle offensive dans la province du Sud-Kivu, s’emparant de la cité minière de Nyabibwe, située à environ 100 km de Bukavu, chef-lieu de la province.
Des sources sécuritaires et humanitaires confirment que les combats ont été particulièrement violents, poussant des milliers de civils à fuir en direction des zones plus sûres. « Ils sont arrivés en nombre et ont rapidement pris le contrôle de la cité après avoir mis en déroute les forces locales », témoigne un habitant joint par téléphone.
Un cessez-le-feu « illusoire » selon Kinshasa

La réactivation militaire du M23 intervient en dépit d’un cessez-le-feu unilatéral annoncé il y a plusieurs mois. Une posture dénoncée par le gouvernement congolais, qui accuse la rébellion de duplicité. Pour le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, cette trêve était « un leurre destiné à tromper l’opinion et la communauté internationale ».
« Pendant que nous faisions des efforts diplomatiques pour une sortie de crise, le M23 et ses soutiens préparaient une nouvelle agression. Ce n’est plus une rébellion, mais une force étrangère qui occupe notre territoire », a-t-il martelé lors d’un point de presse mercredi soir.
Un enjeu stratégique et économique

Nyabibwe n’est pas un choix anodin pour le M23. La cité est connue pour ses gisements de coltan, un minerai stratégique essentiel aux industries électroniques mondiales. En s’en emparant, le groupe armé pourrait renforcer son emprise économique et financer davantage ses opérations militaires.
D’après des analystes sécuritaires, cette avancée marque un tournant préoccupant dans la crise sécuritaire de l’est congolais. « Après le Nord-Kivu, c’est maintenant le Sud-Kivu qui est sous pression. Kinshasa doit réagir rapidement, car l’extension du conflit pourrait compromettre toute solution politique », estime un expert militaire basé à Goma.
Une réponse militaire en préparation ?

Alors que la communauté internationale tente de relancer le dialogue, l’armée congolaise (FARDC) semble préparer une contre-offensive. Des renforts ont été signalés en direction de Bukavu, et des frappes aériennes pourraient être envisagées.
Sur le plan diplomatique, Kinshasa continue d’appeler à des sanctions contre le Rwanda, accusé de soutenir le M23 – une accusation systématiquement rejetée par Kigali.
En attendant, les populations civiles, principales victimes de ce conflit, sont livrées à elles-mêmes, dans une région où les camps de déplacés débordent déjà sous la pression des précédentes vagues de violence.
L’heure est plus que jamais à une réponse ferme, tant sur le terrain que sur la scène internationale.