Yaoundé – L’échiquier politique camerounais s’agite à l’approche de l’élection présidentielle de 2025. Dans un tournant inattendu, certains chefs traditionnels et religieux, appuyés par des figures de l’opposition, ont lancé un appel solennel en faveur d’une nouvelle candidature du président Paul Biya. Une prise de position qui suscite autant d’adhésion que de crispations, tandis que l’opposition peine à se fédérer autour d’un leadership clair.
Un soutien structuré et revendiqué

Réunis sous l’égide du Conseil national des chefs traditionnels, des autorités religieuses influentes issues de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord, ainsi que des imams des grandes mosquées de Douala et Yaoundé, ont exprimé leur volonté d’assurer une continuité du pouvoir. »
Ils ont clairement exprimé leur volonté de soutenir de manière totale et inébranlable la candidature du Président Paul Biya à l’élection de 2025″, a affirmé Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, lors de la réception de leur déclaration officielle. Visiblement déterminé à faire écho à cet appel, le ministre a ajouté : « Je voudrais vous rassurer que je ne vais pas dormir avec ces documents, ils seront transmis ce jour à qui de droit. »
Cette initiative conforte les partisans du chef de l’État, mais alimente aussi des interrogations sur l’indépendance des figures coutumières et religieuses dans le jeu politique.
Une opposition fragmentée et en quête de leadership

Si le camp présidentiel s’organise, l’opposition, elle, peine encore à désigner ses porte-étendards. Deux figures majeures émergent mais peinent à fédérer : Maurice Kamto du MRC et Cabral Libii du PCRN. Or, au sein même du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), les dissensions se multiplient autour de l’orientation stratégique à adopter.
Des cadres du PCRN s’opposent à un alignement sur l’un des deux principaux leaders de l’opposition, tandis que d’autres prônent une candidature unique pour maximiser les chances de renversement du pouvoir en place. Cette hésitation nourrit les doutes sur la capacité de l’opposition à éviter le scénario de 2018, où la dispersion des voix avait largement profité au président sortant.
Un signal politique fort pour 2025

L’appel en faveur de Paul Biya intervient dans un contexte où l’avenir politique du Cameroun reste incertain. À 91 ans, le chef de l’État n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature. Mais le ballet des soutiens institutionnels et la posture offensive du gouvernement suggèrent que l’option d’une nouvelle participation demeure sur la table.
Reste à savoir si l’opposition réussira, cette fois-ci, à surmonter ses divisions et proposer une alternative crédible. Sans une coalition forte et structurée, le scénario d’un pouvoir perpétué pourrait bien se dessiner à l’horizon 2025.


