Crise économique en Afrique Centrale : une fragilité budgétaire préoccupante

Une dépendance économique alarmante
L’Afrique Centrale est en proie à une crise économique qui fragilise rapidement la stabilité budgétaire des États membres de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). Ces pays, largement dépendants des hydrocarbures, se retrouvent dans une situation critique face à la volatilité des prix du pétrole. D’après La Lettre à la Bourse, les prévisions annoncent une chute des prix du brut à 70 dollars le baril en 2025, puis à 65 dollars en 2026. Une baisse qui s’avère alarmante quand on considère que les hydrocarbures constituent en moyenne 40 % des recettes publiques dans la région.
Cette forte dépendance expose les États de la CEMAC à des risques économiques majeurs. Prenons les exemples du Gabon et du Cameroun, où la reliance sur les exportations pétrolières entraîne une aggravation des déficits budgétaires. Diversifier les sources de revenus devient une nécessité cruciale, bien que les efforts en ce sens soient souvent freinés par des infrastructures défaillantes et un manque d’investissements étrangers.
La crise économique mondiale, intensifiée par la pandémie de COVID-19 et des tensions géopolitiques, a davantage détérioré les conditions économiques dans cette région. Les États membres de la CEMAC doivent naviguer dans un environnement de plus en plus hostile, où la fragilité budgétaire est devenue une norme inquiétante.

Les mesures d’ajustement budgétaire
Face à cette crise, les États de la CEMAC n’ont d’autre choix que d’adopter des mesures budgétaires drastiques. À l’exception de la Guinée Équatoriale, dont l’économie est relativement stable, les autres pays prévoient de levée 1317 milliards de FCFA sur le marché des titres publics d’ici fin mars 2025. Bien que cette stratégie vise à équilibrer les budgets, elle soulève des interrogations quant à sa viabilité à long terme.
Les experts avertissent que le recours à la levée de fonds sur le marché des titres publics offre surtout un répit temporaire, sans résoudre les problèmes structurels. La dépendance persistante aux hydrocarbures, combinée à un manque de diversification, rend ces économies très vulnérables aux fluctuations des prix du pétrole. De plus, les taux d’intérêt élevés sur les emprunts aggravent la situation budgétaire en alourdissant le coût du service de la dette.
Des voix s’élèvent en faveur de réformes économiques plus audacieuses, incluant des investissements dans des domaines comme l’agriculture, le tourisme et les technologies de l’information. De tels secteurs pourraient fournir des alternatives viables aux hydrocarbures et assurer une croissance économique durable. Cependant, la mise en œuvre de ces réformes exige une volonté politique forte et une coopération régionale renforcée.

Les implications sociales et politiques
La fragilité budgétaire a des conséquences qui dépassent le simple cadre économique. Elle impacte également les dimensions sociales et politiques des États. La réduction des dépenses publiques, souvent exigée pour équilibrer les budgets, menace de diminuer les services essentiels comme l’éducation et la santé. Ce phénomène aggrave la pauvreté et les inégalités dans une région déjà vulnérable.
En outre, la pression économique croissante risque de générer des tensions sociales et politiques. Des manifestations ont déjà éclaté dans plusieurs pays de la CEMAC, les citoyens exprimant leur mécontentement face à la corruption et à une gestion économique défaillante. Les gouvernements se retrouvent donc dans une position délicate, devant éviter de transformer cette crise économique en une crise sociale majeure.
En somme, la fragilité budgétaire des États membres de la CEMAC reflète une dépendance économique insoutenable et une gestion financière défaillante. Les défis sont considérables, mais ils représentent aussi une occasion unique de repenser les modèles économiques et d’encourager une croissance inclusive et durable. Comment les dirigeants de la CEMAC peuvent-ils transformer cette crise en opportunité de changement ?