Un leadership en quête d’indépendance
Depuis son accession à la magistrature suprême en 2019, Félix Tshisekedi Tshilombo s’est retrouvé à la croisée des chemins. Porté par la volonté de restaurer l’autorité de l’État et de consolider la souveraineté nationale, il a tenté d’imprimer une dynamique de rupture avec les pratiques de soumission aux intérêts extérieurs qui ont longtemps freiné l’essor du pays. Pourtant, à mesure que son mandat avance, il est de plus en plus évident que ni ses partenaires internationaux, ni certains acteurs internes ne souhaitent voir la RDC s’émanciper véritablement.
D’un côté, Kinshasa a multiplié les initiatives pour renforcer son autonomie stratégique. L’exemple le plus criant est la renégociation des contrats miniers, notamment avec les entreprises chinoises, dans l’espoir de rétablir un équilibre plus juste entre exploitants étrangers et intérêts congolais. Cette approche, qui vise à rendre aux Congolais le contrôle de leurs richesses naturelles, a immédiatement suscité des tensions avec plusieurs puissances économiques.
De l’autre, la situation sécuritaire à l’Est du pays reste l’épine la plus douloureuse du régime Tshisekedi. Alors que la RDC dénonce avec insistance l’ingérence du Rwanda via le M23, la communauté internationale oscille entre déclarations de condamnation et absence de véritables sanctions. En somme, les grandes puissances se complaisent dans un rôle ambigu, se présentant comme des médiateurs tout en évitant d’agir fermement contre les agresseurs.
L’isolement diplomatique : le prix de l’indépendance ?

Kinshasa semble comprendre que les soutiens internationaux sont souvent des mirages. L’ONU, à travers sa mission MONUSCO, peine à répondre aux attentes congolaises. Après plus de deux décennies de présence sur le sol congolais, cette force onusienne, censée protéger les civils et stabiliser la région, est devenue une source de frustration pour une population qui y voit une présence inefficace et complice de l’inaction face aux atrocités.
L’Union africaine, quant à elle, reste prudente dans ses prises de position. Alors que Tshisekedi s’efforce de jouer un rôle de leader sur le continent, notamment à travers la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et d’autres instances régionales, son combat contre l’insécurité dans l’Est de la RDC ne suscite pas un appui franc des pays voisins, dont certains ont des intérêts directs dans le chaos entretenu dans cette partie du pays.
L’Europe et les États-Unis, qui se présentent souvent comme les alliés d’un Congo stable, préfèrent préserver leurs intérêts économiques en évitant de froisser certains régimes africains alliés. Cette posture a été illustrée par leur approche diplomatique timorée face à l’agression du Rwanda, où les mesures de rétorsion restent largement symboliques malgré les preuves de l’implication de Kigali dans la déstabilisation du Kivu.
Une population déterminée à reprendre son destin en main

Face à cette réalité, la population congolaise, lassée des promesses non tenues et de l’hypocrisie internationale, exprime de plus en plus un désir ardent d’affirmation nationale. Les manifestations contre la MONUSCO, les discours de souveraineté prononcés par Tshisekedi et la montée d’un patriotisme économique en sont les reflets.
Aujourd’hui, il est clair que la RDC ne peut compter que sur elle-même pour s’imposer sur l’échiquier international. La stratégie de Tshisekedi consiste désormais à diversifier les partenariats, renforcer l’armée nationale et consolider une diplomatie plus offensive. Son défi majeur reste toutefois la transformation des intentions en actes concrets pour répondre aux attentes d’un peuple fatigué des promesses creuses et des ingérences étrangères.
En fin de compte, l’histoire de la RDC semble être celle d’une nation seule face à son destin. Entre des partenaires internationaux qui jouent aux « pompiers-pyromanes » et des ennemis déclarés ou masqués, Tshisekedi et son peuple doivent tracer leur propre voie, avec comme unique boussole la souveraineté et la dignité nationale.