Une affaire d’uranium et de jeux d’influence mondiaux ?
Par Prince Bertoua
L’instabilité chronique de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) est souvent expliquée par la présence de groupes armés, la faiblesse de l’État ou les tensions ethniques. Mais ces éléments ne sont que les symptômes d’un mal bien plus profond : la guerre invisible pour le contrôle des ressources stratégiques, dont l’uranium congolais est l’un des nerfs vitaux.
Un minerai clé pour les puissances mondiales

L’histoire nous enseigne que l’uranium du Katanga a joué un rôle déterminant dans le projet Manhattan, ayant permis aux États-Unis de développer la bombe atomique. Mais ce que l’on sait moins, c’est que cette ressource continue d’attiser les convoitises, et pas seulement du côté occidental. La question du nucléaire a toujours été une affaire de rivalités entre puissances, et la reproduction des travaux américains sur l’uranium à Berlin, sous l’œil du fils du sous-secrétaire d’État allemand, von Weizsäcker, pose une question stratégique essentielle : quelles sont les véritables forces à l’œuvre derrière le chaos congolais ?
L’Allemagne et l’ombre de son passé nucléaire

L’Allemagne nazie avait un programme nucléaire embryonnaire, et bien que vaincue en 1945, sa communauté scientifique a continué d’exister dans divers instituts comme celui de Kaiser-Wilhelm. Si des travaux américains y sont reproduits, cela signifie que Berlin n’a jamais complètement abandonné son intérêt pour l’uranium comme levier de puissance. Or, en géopolitique, là où il y a de la demande, il y a une guerre d’influence.
La RDC, avec ses réserves prouvées, est un territoire clé dans cette équation. Un pays incapable d’exploiter lui-même ses richesses devient une proie facile pour les grandes puissances, qui utilisent divers moyens pour maintenir une instabilité favorable à leurs intérêts.
Guerres locales, enjeux globaux

Le M23, les ADF, et bien d’autres groupes armés qui sévissent à l’Est du Congo ne sont pas de simples rebelles, mais des pions dans une partie d’échecs qui les dépasse. L’instabilité ne profite jamais aux populations locales, mais toujours à ceux qui exploitent les richesses sous couvert de chaos.
La présence de sociétés étrangères dans le secteur minier congolais, la porosité des frontières et les ingérences extérieures montrent bien que l’enjeu dépasse largement les discours officiels sur la pacification et la reconstruction. L’uranium congolais reste un élément central de la compétition entre puissances, et tant que cette réalité ne sera pas pleinement admise, la paix restera une illusion.
Conclusion : un statu quo sous haute tension
L’histoire se répète : hier, l’uranium du Congo était l’atout majeur du programme nucléaire américain ; aujourd’hui, il pourrait bien être la clé d’ambitions stratégiques plus vastes. Que ce soit pour la course aux armements, l’énergie nucléaire ou la géopolitique des ressources, l’Est de la RDC restera une zone de tensions tant que cette ressource continuera d’être convoitée.
Les grandes puissances, quelles qu’elles soient, n’aiment pas laisser de tels enjeux à la seule discrétion des Congolais. Et tant que l’uranium restera un métal stratégique, le Congo restera une poudrière.